ZIZI (la petite)

 

 

 

JEUX INTERDITS… Papa a dit non!

 

 

Née à Paris (15ème) le 8 Juin 1942

Vrai Nom : Geneviève Marie Jeannine Josette Gourguet

 

 

 

ACTRICE

 

 

BIOGRAPHIE

 

 

 

Je suis née entre deux bombardements ! Je suis la fille de Jean Marie GOURGUET, cinéaste. Ma mère s'appelait Michelle DARVAUX. Elle était Normalienne de Dijon quand elle a rencontré mon père durant le tournage de «Jeannette BOURGOGNE» (film commandité par l’Education Nationale). Aussitôt, ce fût le coup de foudre et ils ne se sont plus quittés. Avant ma naissance, Maman était aussi journaliste au magazine «ELLE», puis devient ensuite la co-scénariste et assistante de mon père.

 

J'ai aussi un frère, Jean-Michel GOURGUET, né en 1947, qui a figuré dans «UNE ENFANT DANS LA TOURMENTE», «LA FILLE PERDUE» (où il était ma doublure) et «MATERNITE CLANDESTINE».

 

Dès les premiers mois de ma vie, mon père me fait faire mes premiers pas au cinéma, au sens propre comme au figuré ! Il me trouve photogénique et naturelle devant la caméra. Peu à peu, et par défaut car n’ayant pas trouvé au cours des auditions de petites filles lui donnant satisfaction, il me fait tourner des petits rôles. Le couple père-fille fonctionnant bien, je deviens sa « petite interprète favorite » et attitrée. Il écrit alors des rôles spécialement conçus pour moi.

 

René CLEMENT, ancien assistant et ami de mon père, décide alors de me confier le rôle de «JEUX INTERDITS», étant donné les qualités décrites plus haut et mon expérience cinématographique. Mais mon père, très protecteur, et malgré l’insistance persistante de René CLEMENT, refuse de me « prêter » à ce dernier qui choisira alors une petite fille qui me ressemble beaucoup à l’époque: Brigitte FOSSEY.

 

Entrevoyant l'opportunité d’échapper à la sévérité paternelle et de vivre un peu ma vie, j'en ressens une grande déception (intuition du succès futur de ce film ?) et malgré mes larmes je ne suis pas arrivée à faire revenir mon père sur sa décision.

 

Des offres du cinéma américain pour mon père et moi-même sont également refusées car il veut me protéger (et lui-même aussi). Il craint le système industriel américain et ne veut pas renoncer à la liberté de son statut d’indépendant.

 

Je fais d’abord mes études au Cours HATTEMER (comme Brigitte BARDOT à quelques classes d'intervalle, ainsi que notre actuel Président Jacques CHIRAC) en essayant d’alterner cours, tournages et obligations professionnelles.  Mais cela devenant trop contraignant, mon père décide de me faire faire une pause de quelques années pour me permettre de me consacrer uniquement à mes études. Il reste marqué par les années de galère qu’il a vécues - ou qu’il a vu vivre par bien des acteurs - et veut que je puisse avoir une alternative autre que le cinéma pour gagner ma vie.

 

L'éloignement des plateaux de cinéma se passe difficilement. Après une carrière d’enfant de cinéma de plusieurs années, la page est tournée, non sans difficulté. Je dois reprendre une vie d’enfant de mon âge ce qui est un choc sur beaucoup de plans car côtoyer la vie professionnelle si jeune m'a donné une quasi maturité d’adulte. Finie la vie d’artiste…

 

Mon dernier film est «LA FILLE PERDUE» en 1953 avec Claudine DUPUIS.

 

A l’âge adulte, je n’irai pas dans la classe de Georges CHAMARAT au Conservatoire, comme celui-ci le proposait avec pourtant, cette fois-ci,  la bénédiction paternelle.

 

Pendant des années, j'ai volontairement caché l’existence de ma «première vie», sauf à quelques très rares exceptions. Je suis donc ma propre voie, non sans parfois quelques affrontements et froids avec mon père, étant dotés tous deux d’une forte personnalité.  Je me  marie et j'aurai trois enfants et à présent un petit fils.

 

Le bilan de ces années de tournage : un grand respect du métier d’acteur, difficile et parfois ingrat et du «sang de cinéma» dans mes veines. Beaucoup de bons souvenirs avec plusieurs «mères de cinéma» avec lesquelles les liens affectifs ont été très forts : Blanchette Brunoy, Claudine Dupuis (qui avait proposé de «m’adopter» au grand dam de ma vraie mère qui avait répondu sèchement que sa fille n’était pas abandonnée), Suzanne Grey, Perette Souplex ainsi que des acteurs tels Georges Chamarat, Grégoire Aslan, Pierre Louis,  Jean Clarieux, etc.

 

L’équipe technique fidèle de Jean GOURGUET est une seconde famille (le caméraman Charles-Henri MONTEL, le chef opérateur «Papa HUGO», le photographe H. CARRUEL, le régisseur M. CAUDRELIER et sa femme Lilly, habilleuse, la scripte Suzanne FAYE et tant d’autres).

 

Des admirateurs, souvent fidèles, me comblaient de cadeaux (jolies poupées, livres…), voire même, lors des tournées de galas en province, me glissaient dans mes poches et à mon insu, de petits billets pendant je signais des autographes, me pensant peut-être aussi malheureuse dans la vie qu’au cinéma.

 

Michelle GOURGUET, ma mère, co-scénariste, devenue première assistante, était toujours présente sur le plateau mais n’avait guère de temps à consacrer à sa progéniture en qui elle avait une grande confiance. Travail oblige, ce qui me laissait beaucoup de liberté…

 

De moins bons souvenirs: dans les mélos, je suis souvent battue ou malmenée et reçois un certain nombre de claques. Quelle angoisse quand il y a plusieurs prises...

 

Sur le plateau, mon père veut que je me comporte en adulte, comme les autres acteurs, et que je l’appelle «Monsieur» ce qui n’était pas évident. On ne doit pas savoir qu’il est mon père, ce qui était un secret de Polichinelle! Aucun passe-droit et pas le droit à l’erreur.

 

Je ne voudrais pas oublier mon super partenaire et acteur chien-loup, GUNDO, grand complice à la dent un peu facile (il m'avait mordue accidentellement à la joue pendant le tournage des «ORPHELINS DE SAINT-VAAST» à ARRAS. J'avais été hospitalisée quelques jours. Lors de mon retour sur le plateau,  le caméraman dû faire des prouesses pour qu’on ne voie pas le côté du visage blessé en le prenant de profil ou de trois quarts avec une lumière adaptée).

 

 

                                  

 

 

De douleur, mon père voulu abattre le chien mais je l'ai supplié de n’en rien faire. GUNDO, à partir de cet accident, m'a voué un attachement hors du commun, partageant ma vie jusqu’à sa mort en me veillant jalousement.

 

Ce chien, «acteur» hors du commun, tourna dans plusieurs films (on le surnomme souvent, à l’époque, le «RINTINTIN français»). Il connaît son rôle et est capable de «rejouer» sa scène autant de fois que les prises l'exigent. Il lui arrive fréquemment de se faire applaudir par l’équipe de tournage. Il a été acheté et dressé par mon père lui-même avec la supervision de grands dresseurs de l’époque pour les besoins d’un film mais ce dernier ne pu se résoudre à s’en séparer à l’issue du tournage.

 

On a parfois, à cette époque, raillé mon père en parlant du « cirque GOURGUET » avec son épouse, sa fille, parfois son fils et son chien. Ce qui ne le vexait pas car, disait-il, il admirait les gens de cirque qui sont de vrais professionnels, qui travaillent dans l’ombre et qui ont cela «dans le sang».

 

Le souhait de la « petite ZIZI » d'aujourd’hui: continuer l’effort entrepris depuis la mort de mon père pour réhabiliter son œuvre en tant que metteur en scène et producteur, scénariste, poète, afin que la mémoire du cinéma soit exhaustive et qu’il reste inscrit à jamais dans la mémoire du cinéma.

 

C’est un devoir de transmission et de partage de sa connaissance pour un cinéaste qui laisse une œuvre conséquente constituant aujourd’hui un témoignage sur son époque. De plus, il fut un précurseur en tournant dès 1928 «LE RAYON DE SOLEIL», en extérieurs, caméra au poing pour plus de réalisme, ce qui techniquement à l’époque était exceptionnel et pas toujours évident.

 

 

© Geneviève COSTOVICI-GOURGUET pour les Gens du Cinéma (26/07/2004)

 

 

 

FILMOGRAPHIE

 

Sous le nom de la petite Zizi :

 

1942   Jeux d’enfants : de Jean Gourguet – Court Métrage –

1944   L’enfant et les bêtes : de Jean Gourguet – Court Métrage –

1946   Le pavillon de la folle : de Jean Gourguet – Moyen Métrage –

                               avec René Genin

1947   La neige du coucou : de Jean Gourguet – Moyen Métrage –

                               avec Albert Parrain

1948   Les orphelins de Saint-Vaast : de Jean Gourguet

                               avec Georges Chamarat, Suzanne Grey

1949 -    Zone frontière : de Jean Gourguet

                               avec Alexandre Rignault, Suzanne Grey, Perrette Souplex

1950   Trafic sur les dunes : de Jean Gourguet

                               avec Pierre-Louis, Suzy Prim, Lucas Gridoux, Jacques Faber, Jean Clarieux

1951   Une enfant dans la tourmente / L’enfant dans la tourmente : de Jean Gourguet

                               avec Blanchette Brunoy, Gérard Landry, Grégoire Aslan, Jean Clarieux

1952   Le secret d’une mère : de Jean Gourguet

                               avec Blanchette Brunoy, Grégoire Aslan, Jane Marken, André Le Gall

 

Sous le nom de Zizi Saint-Clair :

 

1953   La fille perdue : de Jean Gourguet

                               avec Claudine Dupuis, Gérard Landry, Robert Berry, Dora Doll, André Roanne

 

ã Jean-Pascal CONSTANTIN pour Les Gens du Cinéma (Mise à jour 26/07/2004)