Acteur,
comédien, scénariste et réalisateur italien.
Biographie :
Vittorio Caprioli entre très tôt à l’Académie
nationale d’art dramatique de Rome, d’où il sort diplômé et entame aussitôt sa carrière
théâtrale en 1942 chez Carli-Racca dans une pièce de William Saroyant aux côtés
de Vittorio De Sica, Nino Bezossi et Vivi Gioi. Dès sa première prestation, il
affiche dans son jeu une certaine amertume, de l’ironie voire de l’agressivité,
des traits de caractère qui vont aller crescendo tout au long de sa carrière de
comédien et d’acteur.
Vittorio passe ensuite dans la compagnie du Piccolo
Téatro de Milan avec lequel en 1948, il participera, sous la direction de
Giorgio Strehler, à la pièce de W. Shakespeare « La tempête » et
immédiatement après (1949) dans celle de Carlo Gozzi « Il corvo ».
Mais l’homme est bouillonnant, curieux, un peu
« touche à tout ». Il se risque d’abord dans des revues puis dans des
comédies musicales et l’année suivante, en 1950, une année phare pour sa
carrière, il fonde avec le comédien Alberto Bonucci et la comédienne Franca
Valeri (qui deviendra sa femme par la suite) « Le Téatro dei Gobbi ».
Lequel va proposer des spectacles subtilement satiriques, contenant des gags sournois,
chafouins et des répliques mordantes, d’autant plus spontanées que ses pièces
sont totalement dépourvues de textes écrits.
Caprioli apparaît la première fois au cinéma dans le
film de Giacomo Gentilomo (O sole mio) (1946) mais de façon si furtive que la
plupart des filmographes situent ses véritables débuts au cinéma dans la
première réalisation de Fellini associé à Lattuada « Luci del varietà »
(Les feux du music-hall) sur le thème du monde du spectacle et dans lequel, il
donne une première composition remarquée en interprétant, sous le nom de
« Caprioli », un numéro de comique dans un Night Club.
Puis, il enchaîne dans ce qui sera le dernier film de
deux comiques américains, Laurel et Hardy « Atoll K » de Léo Joannon.
Malgré cette «loufoquerie réjouissante» Vittorio Caprioli va se partager
entre la scène, où il est très à son aise et, les plateaux de tournage dans des
rôles encore modestes mais de bonne composition comme dans «Carosello napolitano»
et surtout dans «Zazie dans le métro» de Louis Malle (1960).
Entre-temps au théâtre, il sera de «la générale» de
la pièce de Beckett «En attendant Godot» et signe sa première réalisation avec
«La catacombe» dont le scénario est écrit par sa femme, Franca Valeri. Bien que
très sollicité comme acteur de composition, Vittorio Caprioli se lance à son
tour dans la réalisation avec, en 1961 «Leoni al sole» (Lions au soleil »
et se met en scène lui-même dans une satire mordante et amère du «vitellonisme»
de Fellini que l’on peut qualifier de mélange de nostalgie des vieux tréteaux
de cirque misérables d’avant-guerre et de l’ennui qu’éprouvent les curistes
d’une station thermale très prisée de la Belle Epoque, comme le fut la station
thermale de Vittel, qui donna son nom à la stylistique fellinienne.
Il signera une seconde réalisation et un scénario
remarquables avec «Splendori et miserie di Madame Royal» en 1970 dans laquelle
il fait une exploration sensible et intelligente du milieu homosexuel.
En voulant échapper à la vieille Comédia dell’art
napolitaine, qui a conduit au néoréalisme que l’on sait, son œuvre personnelle
se caractérise surtout par une vision très confidentielle de la société
italienne, abordant le plus souvent le cinéma par son côté critique et
satirique. Cette voie n’était pas la plus facile mais elle se révéla comme une
promesse qui ne fut tenue qu’en partie. En France, il travailla avec une
douzaine de réalisateurs dont Louis Malle et Trintignant qui le mirent en
valeur. Les autres réalisateurs n’utilisèrent de lui que le type «italien» du
personnage parfois démesuré ou le plus souvent stéréotypé comme G. Oury
dans «Le coup du parapluie» (1980) dans le rôle d’un «Don Barberini
ridiculisant avec un cynisme non feint, la mafia sicilienne (on se rappellera
du « point noir» sur la glace sans tain).
Cet acteur, possédant une étoffe de dramaturge, a
connu sa période faste dans les années 1960 et la suite des années 1970 fut une
période de trop au cours de laquelle il tourna un peu n’importe quoi et surtout
dans des films dont on se demande ce qu’il vient faire là! Comme, par exemple
en 1973 et 1975, les films de Sergio Martino et Nando Cicero qui l’emploient à
contre sens dans le genre érotique aux côtés d’une Edwige Fenech arrivée au
sommet de sa popularité.
Lorsqu’en 1980, il s’essaye à la télévision, l’homme
de la scène sera confronté à cette difficulté majeure que constitue l’absence
de public dont il a grand besoin de la complicité pour épanouir son expression.
La rancœur éprouvée le poussera à revenir au théâtre, ce pour quoi, au fond, il
était fait. Cependant, l’acteur reste très attachant par la grande sincérité de
son jeu.
Filmographie :
1946
- O sole mio de Giacomo
Gentilomo avec Tito Gobbi
1950
- Luci del varietà (Les feux du music-hall) de Federico Fellini, Alberto Lattuada avec Peppino De Filippo
1950 - Atoll K de Léo Joannon avec Laurel et Hardy
1951 - Parigi è sempre Parigi (Paris est toujours Paris) de Luciano Emmer avec Aldo Fabrizi
1952 - Totò a colori de Steno avec Totò
1952 - Marito e moglie (Mari et femme) d’Eduardo De Filippo avec Titina De Filippo
1952
- Altri tempi (Heureuse époque) film à sketch d’Alessandro Blasetti avec Paolo Stoppa
1953
- Febbre di Vivere de Claudio Gora avec Massimo Serato
1953 - Aida de Clemente Fracassi avec Sophia Loren
1954
- Carosello napoletano (Carroussel fantastique) d’Ettore Giannini avec Paolo Stoppa
1954 - Tempi nostri (Quelques pas dans
la vie) d’Alessandro
Blasetti avec Totò
1955
- Buonanotte... avvocato! de Giorgio Bianchi avec Alberto Sordi
1955
- Bella non piangere! d’Ettore Manni avec Memmo Carotenuto
1958 - La legge (La loi) de Jules Dassin avec Gina Lollobrigida
1959
- Arrangiatevi! de Mauro Bolognini avec Peppino De Filippo
1959
- Il Generale della Rovere (Le Général de La Rovere) de Roberto
Rossellini avec Vittorio De Sica
1960 - Recours en grâce (Tra due donne) de László Benedek avec Emmanuelle Riva
1960 - Zazie dans le métro de Louis Malle avec Philippe Noiret
1961 - A porte chiuse (Huis clos) de Dino Risi avec Anita Ekberg
1961
- Cinque ore in contanti de Mario Zampi avec Francesco Mulé
1962
- Il giorno più corto (Le jour le plus court) de Sergio Corbucci avec
Franco Franchi
1962
- I giorni contati d’Elio Petri avec Paolo Ferrari
1962 - Adieu Philippine (Desideri nel sol) de Jacques Rozier avec Jean-Claude Jaimini
1964
- I Maniaci (Les maniaques) de Lucio Fulci avec Enrico Maria Salerno
1964
- Le voci bianche (Le sexe des anges) de Massimo Franciosa et Pasquale
Festa Campanile avec Claudio Gora
1964
- Amore facile (épisode "Il vedovo bianco") de Gianni Puccini avec Raimondo Vianello
1964
- La donna è una cosa meravigliosa (La femme est une chose merveilleuse)
de Mauro Bolognini avec Sandra Milo
1965
- Le Mans, scociatoroia per l’inferno (Le Mans, Circuit pour l'Enfer) d'
Osvaldo Civirani avec Lang Jeffries
1965
- Io, io, io... e gli altri (Moi, moi, moi...et les autres) d’Alessandro Blasetti avec Nino Manfredi
1966
- La ragazza del bersagliere (La fille du carabinier) d’Alessandro Blasetti avec Leopoldo Trieste
1966
- Il marito è mio e l'ammazzo quando mi pare de Pasquale Festa Campanile avec Milena Vukotic
1966
- Ischia operazione amore de Vittorio Sala avec Ingrid Schoeller
1966
- Adulterio all'italiana (Adultère à l’italienne) de Pasquale Festa Campanile avec Nino Manfredi
1966
- Una vergine per il principe (Une vierge pour le prince) de Pasquale Festa Campanile avec Vittorio Gassman
1966 - Come imparai ad amare le donne (Comment j'ai appris à aimer les femmes) de Luciano Salce avec Anita Ekberg
1967
- Bersaglio mobile de Sergio Corbucci avec Ty Hardin
1967
- Assicurasi vergine de Giorgio Bianchi avec Leopoldo Trieste
1968
- Le dolci signore de Luigi Zampa avec Ursula Andress
1968
- La matriarca de Pasquale Festa Campanile avec Paolo Stoppa
1968
- La Violenza e l'Amore - Il Mito dell'Uomo (La
violence et l’amour) d’Adimaro Sala avec Umberto Orsini
1970
- Nel giorno del signore de Bruno Corbucci avec Sidney Chaplin
1971
- Quando gli uomini armarono la clava e... con le donne fecero din-don
de Bruno Corbucci avec Antonio Sabato
1971
- Er più: storia d'amore e di coltello de Sergio Corbucci avec Adriano Celentano
1971
- Roma bene (Scandale à Rome) de Carlo Lizzani avec Nino Manfredi
1971
- Trastevere de Fausto Tozzi avec Nino Manfredi
1972
- Anche se volessi lavorare, che faccio? de Flavio Mogherini avec
Adriana Asti, Vittorio Caprioli
1972
- La colonna infame de Nelo Risi avec Francisco Rabal
1972
- Crepa padrone, tutto va bene (Tout va bien) de Jean-Luc Godard,
Jean-Pierre Gorin avec Jane Fonda
1972
- Poppea... una prostituta al servizio dell'impero (La prostituée de
Rome) d’Alfonso Brescia avec Don Backy
1973 - Quando le donne si schiamavano “madonne” (Quand les femmes s’appelaient “Dames”) d’Aldo Grimaldi
avec Don Backy
1973
- Giovanna coscialunga disonorata con onore de Sergio Martino avec
Vittorio Caprioli et Edwige Fenech
1973
- Paolo il caldo (Paul, le sensuel) de Marco Vicario avec Giancarlo Giannini
1973
- Io e lui (Moi et lui) de Luciano Salce avec Lando Buzzanca
1973
- Il boss (Le patron) de Fernando Di Leo avec Henry Silva
1973 - Una giornata spesa bene (Une journée bien remplie) de Jean-Louis Trintignant avec Jacques Dufilho
1973
- Di mamma non ce n'è una sola d’Alfredo Giannetti avec Lionel Srander
1974
- Innocenza é turbamento de Massimo Dallamano avec Vittorio Caprioli,
Lionel Stander et Edwige Fenech
1974
- Il poliziotto è marcio (Salut les pourris) de Fernando Di Leo avec Luc
Merenda
1974
- L’érotomane de Marco Vicario avec Janet Agren
1974
- L’ ammazzatina d’Ignazio Dolce avec Leopoldo Trieste
1974
- Ettore lo fusto d’Enzo Girolami Castellari avec Giancarlo Giannini
1974
- La moutarde me monte au nez (Ci son dentro fino all collo...) de Claude
Zidi avec Jane Birkin
1975
- L’ insegnante (La Prof donne des leçons particulières) de Nando Cicero
avec Edwige Fenech
1975
- La governante (La gouvernante) de Gianni Grimaldi avec Paola Quattrini
1975
- I baroni (Les barons) de Gian Paolo Lomi avec Ira Fürstenberg
1975
- La Città Sconvolta: Caccia Spietata ai Rapitori de Fernando Di Leo
avec James Mason
1975
- Catherine et Cie ( Un letto in Società) de Michel Boisrond avec Jane Birkin
1976 - L’aile ou la cuisse (L’ala o la cuscia) de Claude Zidi avec Louis de Funès
1976
- I padroni della città de Fernando Di Leo avec Jack Palance
1976 - Le trouble-fesses de Raoul Foulon avec Michel Galabru
1976
- L’affittacamere de Mariano Laurenti avec Gloria Guida
1976
- Il Messia (Le Messie) de Roberto Rossellini avec Tina Aumont
1976
- I Soliti ignoti colpiscono ancora - e una banca rapinammo per
fatale combinazione (Riche et respectable)
de François Legrand avec Curd Jürgens
1977
- La presidentessa ( La présidente) de Luciano Salce avec Johnny Dorelli
1977
- La bidonata de Luciano Ercoli avec Walter Chiari
1977
- Maschio Latino Cercasi - L'Affare si Ingrossa de Giovanni Narzisi avec
Adriana Asti
1977
- Grazie tante - Arrivederci ! de Mauro Ivaldi
avec Memmo Carotenuto
1977
- Diamanti sporchi di sangue de Fernando Di Leo avec Martin Balsam
1977
- Messalina, Messalina! de Bruno Corbucci avec Giancarlo Prete
1978
- Avere vent'anni (Avoir vingt ans) de Fernando Di Leo avec Gloria Guida
1978 - C'est dingue... mais on y va de Michel Gérard avec Stéphane Hillel
1979
- Il malato immaginario (Le malde imaginaire) de Tonino Cervi avec Ettore Manni
1980 - Il Café é un piacere... se non é buono che piacere é (Café Express) de Nanni Loy avec Nino Manfredi
1980 - Le coup du parapluie de Gérard Oury avec Pierre Richard
1981
- Prima che sia troppo presto de Enzo De Caro avec Dalila Di Lazzaro
1981
- La tragedia di un uomo ridicolo (La tragédie d’un homme ridicule) de Bernardo Bertolucci avec Ugo Tognazzi
1982
- Più bello di così si muore (Plus beau que moi, tu meurs) de Pasquale
Festa Campanile avec Enrico Montesano
1982 - Le rose et le blanc de Robert Pansard-Besson avec Raymond Pellegrin
1982 - La specialità della casa (La spécialité de la maison) de Augusto Zucchi avec Pino Ammendola
1983
- Il petomane de Pasquale Festa Campanile avec Ugo Toggnazi
1983
- Cenerentola 80 (Cendrillon '80’) de Roberto Malenotti avec Sandra Milo
1984
- Uno scandalo perbene de Pasquale Festa Campanile avec Giuliana
Calandra
1987
- Roba di ricchi de Sergio Corbucci avec Laura Antonelli
1987
- Capriccio deTinto Brass avec Nicola Warren
1988
- Una botta di vita (Un bout de vie) d’Enrico Oldoini avec Alberto Sordi
1988
- La posta in gioco de Sergio Nasca avec Lina Sastri
1988
- I picari de Mario Monicelli avec Giancarlo Giannini
1988
- Tutta colpa della SIP de Gianfranco Bullo avec Toni Bertorelli
1989
- L’ultima scena (La dernière scène) de Nino Russo avec Aldo Giuffré
1990
- Il male oscuro (Le mal obscur) de Mario Monicelli avec Giancarlo
Giannini
A la télévision :
1972
- L’automobile (Série TV) d’Alfredo Giannetti avec Anna Magnani
1981 - Histoires extraordinaires: Le scarabée d'or (Série TV) de Maurice Ronet avec Dominique Zardi
1981
- "Greggio e pericoloso" (Série TV ) d’Enzo Tarquini avec
Pietro Biondi
1981
- Il piatto della casa (Le plat de la maison) (Série TV) de Stanley
Ellin.
1983
- La bella Otero (Série TV) de José María Sánchez avec Angela Molina
1987
- Facciaffittasi (Série TV) de José María Sánchez avec Gianni Cavina
1988
- Colletti bianchi (Série TV) de Bruno Cortini avec Giorgio Faletti
Filmographie en tant qu’acteur,
scénariste et réalisateur :
1961
- Leoni al sole (Lions au soleil) de Vittorio Caprioli avec Philippe
Leroy
1962
- Parigi o cara (Cher Paris) de Vittorio Caprioli avec Franca Valeri
1963
- I cuori infranti (segment "La main de Fatma") de Gianni Puccini, Vittorio Caprioli avec Aldo Giuffré
1967 - Scusi, facciamo l'amore? (Et si on faisait l'amour?) de Vittorio Caprioli avec Beba Loncar
1970
- Splendori e miserie di Madame Royale (Que fais-tu grande folle?) de
Vittorio Caprioli avec Ugo Toggnazi
1973
- Le Magnifique de Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo
1975
- Vieni, vieni amore mio de Vittorio Caprioli avec Ciro Ippolito
1983
- La stangata napoletana - La Trastola (non crédité) de Vittorio
Caprioli avec Margaret Lee
© Louis AUBERT pour Les Gens du Cinéma (mise à jour
16/10/2006)