ANDRE VALMY
Vrai nom :
André Antoine Marius Dugenet.
Né à Paris (14ème) le 8 octobre 1919.
André, dans l'un de ses meilleurs rôles, celui du capitaine
Le Guellec
dans
"Si tous les Gars du monde" de
Christian-Jacque
André voit le jour à l'Hôpital Cochin de
Paris. Il termine ses études avec un BEPS en arts décoratifs, mais un ami le
détourne incidemment de cette voie en l'entraînant vers une salle de théâtre
dont l'atmosphère l'étreint et l'enthousiasme sur-le-champ.
Aussi se précipite-t-il aux cours
d'Alexandre Mihalesco, puis à ceux dispensés par Solange Sicard, une
ex-comédienne de la troupe de Louis Jouvet qui pratique au studio Pathé de la
rue Francoeur où se bousculent de jeunes acteurs en herbe qui deviendront célèbres
tels Jacques Dufilho, Jacques Dynam et Suzanne Flon.
Faisant flèche de tout bois, il complète
ses études au Conservatoire auprès de Béatrice Dussane et débute au Théâtre de
la Michodière dans Hymenée d'Edouard
Bourdet.
Quant au cinéma, il l'aborde à 21 ans
auprès de Mihalesco, son premier mentor, qui le fait engager pour un petit rôle
dans Après
“Mein Kampf”, mes crimes, un film d'Alexandre Ryder dénonçant la montée du nazisme,
dont l'exploitation en salles sera de bien courte durée car Paris se réveillera
quelques semaines plus tard au bruit des bottes de la Wehrmacht.
Durant ces années d'Occupation, évitant les
productions de la Continental allemande, il n'apparaît que dans deux films de
divertissement signés Pathé.
A l'été 1945, Simone Signoret, l'une de ses
copines du cours Sicard, le recommande chaudement à Yves Allégret à la
recherche d'un comédien "neuf" pour tenir un rôle capital dans sa
première réalisation réellement importante.
Celle-ci, Les démons de l'aube, relate
l'entraînement puis le débarquement en Provence de la 1ère Armée d'Afrique.
Remarqué et salué par la critique pour son jeu sobre et puissant de jeune
révolté opposé à l'athlétique Georges Marchal, en qui cette même critique voit
l'émule français d'un Errol Flynn au mieux de sa forme.
Il retrouve le même Allégret pour Une si jolie petite plage, un film noir s'engluant dans une
atmosphère pesante et déprimante transcendée par une pluie qui s'abat sans
rémission sur cette plage du bout du monde (en réalité du Pas-de-Calais). André
a le plaisir d'y côtoyer deux talentueux
partenaires : un énigmatique Gérard Philipe et une émouvante Madeleine
Robinson.
Lors de l'entrée en guerre de la France et de
l'Allemagne dans Il est minuit, Docteur
Schweitzer, revêtu d'un uniforme d'administrateur territorial du Gabon, il
assume l'ingrate mission d'arrêter le médecin des pauvres, Alsacien d'origine,
mais donc Allemand… pour certains !
De très beaux rôles, mais c'est
Christian-Jaque qui lui offre sa plus belle contribution cinématographique avec
Si tous les gars du monde pour lequel
il incarne avec justesse et humanité le capitaine d'un chalutier breton à la
dérive. Un film admirable et noble du à
l'étroite collaboration de Christian-Jaque et de Clouzot.
Malheureusement, prisonnier d'un physique qui
l'entraîne le plus souvent vers des rôles de traîtres ou de policiers, André Valmy revêt l'imperméable de
circonstance dont il aura bien du mal à s'échapper. C'est d'ailleurs dans cet
énième habit d'inspecteur de police pour le
Compartiment tueurs de
Costa-Gavras qu'il prend définitivement congé du grand écran.
Quant à la petite lucarne, la télévision,
après y avoir campé l'inspecteur Denys, le fidèle adjoint de Philippe Nicaud
pour plusieurs épisodes de L'inspecteur
Leclerc, elle lui offre de plus intéressants engagements grâce à des séries de qualité
comme La caméra explore le temps; Le tribunal de l'impossible; Douze hommes en colère de Reginald Rose
(pour "Au théâtre, ce soir"); L'anglais
tel qu'on le parle de Tristan Bernard (pour "Au théâtre chez soi"
de Dominique Nohain et Georges Folgoas); Les
cinq dernières minutes (pour les versions Souplex et Debary); ou comme
son remarquable Clémenceau pour Emile Zola ou La conscience humaine de
Stellio Lorenzi, pilier incontournable de l'ORTF.
Très sollicité par la post-synchronisation,
tant cinéma que télévision, il prête, entre autres, sa puissante voix à Burt
Lancaster, Randolph Scott, Rod Steiger, George C. Scott, Robert Shaw, etc.
Notons aussi une fidèle présence sur les
ondes et le souvenir des bonnes soirées des années cinquante de
Radio-Luxembourg (qui n'était pas encore RTL) animées par de nombreuses
émissions policières dont la très prisée
Allo police.
Toutefois, ses plus tangibles souvenirs
s'ancrent inévitablement sur les scènes parisiennes et celles des tournées avec
des pièces à succès comme : Antigone
de Jean Anouilh; Des souris et des hommes
de John Steinbeck; La neige était sale
de Georges Simenon et Frédéric Dard; L'année
du bac de José-André Lacour; Des
clowns par milliers de Herb Gardner, etc.
En 1966, il rejoint la Compagnie
Renaud-Barrault alors locataire de l'Odéon pour un superbe Henri IV de Shakespeare. Il y partagera plusieurs années de bonheur
intense avec la célèbre troupe.
Depuis quelques années à la retraite, mais
toujours fidèle à son quartier de Paris, André Valmy n'est pas homme à
s'ennuyer et on peut l'imaginer bricolant toujours l'ébénisterie avec la même
passion et le respect du bois acquis à la fin de ses études et qui reste
jusqu'à aujourd'hui encore l'un de ses plus grands hobbies.
Un comédien profondément humain que cet
admirable Valmy.
© Yvan Foucart biographie provisoire (12
mars 2007)
FILMOGRAPHIE
1940 Après “Mein Kampf”, mes
crimes, d'Alexandre Ryder, avec Roger Karl.
1943 L’aventure est au coin
de la rue, de Jacques Daniel-Norman, avec Raymond Rouleau.
Je suis
avec toi, de Henri Decoin, avec Yvonne Printemps.
1945 Les démons de l’aube,
d'Yves Allégret, avec Simone Signoret.
Le
jugement dernier, de René Chanas, avec Michèle Martin.
1946 Le beau voyage, de Louis Cuny, avec Pierre
Richard-Willm.
Nuits
sans fin, de Jacques Séverac, avec Ginette Leclerc.
1947 Carrefour du crime, de
Jean Sacha, avec Louis Salou.
Le
cavalier de Croix-Mort, de Lucien Gasnier-Raymond, avec Madeleine Robinson.
1948 Les eaux troubles, de
Henri Calef, avec Ginette Leclerc.
Manon,
de Henri-Georges Clouzot, avec Cécile Aubry.
Une si
jolie petite plage, d'Yves Allégret, avec Madeleine Robinson.
Marlène, de Pierre
de Hérain, avec Tino Rossi.
1949 L’auberge du péché, de
Jean de Marguenat, avec Ginette Leclerc.
Millionnaires
d’un jour, d'André Hunebelle, avec Gaby Morlay.
Mission
à Tanger, d'André Hunebelle, avec Raymond Rouleau.
Un
homme marche dans la ville, de Marcel Pagliero, avec Ginette Leclerc.
1950 Fusillé à l’aube,
d'André Haguet, avec Frank Villard.
Rue des
Saussaies, de Ralph Habib, avec Maurice Régamey.
Sous le
ciel de Paris, de Julien Duvivier, avec Brigitte Auber.
L'anglais tel qu'on
le parle, court métrage de Jean Tedesco, avec Pierre Larquey.
1951 Le cap de l’Espérance,
de Raymond Bernard, avec Edwige Feuillère.
Le vrai
coupable, de Pierre Thévenard, avec Philippe Lemaire.
Le banquet des
fraudeurs, de Henri Storck, avec Françoise Rosay.
Alice in Wonderland
/ Alice au pays des merveilles, dessin animé de Hamilton Luske et
Wilfred Jackson,
voix du morse.
1952 Il est minuit, docteur
Schweitzer, d'André Haguet, avec Pierre Fresnay.
Monsieur
Taxi, d'André Hunebelle, avec Michel Simon.
Nous
sommes tous des assassins, d'André Cayatte, avec Raymond Pellegrin.
La p… respectueuse, de Charles Brabant et Marcel Pagliero,
avec Barbara Laage.
1953 Avant le déluge,
d'André Cayatte, avec Marina Vlady.
Les
compagnes de la nuit, de Ralph Habib, avec Françoise Arnoul.
Quai
des blondes, de Paul Cadéac, avec Barbara Laage.
La rage
au corps, de Ralph Habib, avec Françoise Arnoul.
Le
secret d’Hélène Marimon, de Henri Calef, avec Isa Miranda.
1954 Une balle suffit, de
Jean Sacha, avec Véra Norman.
1955 Le dossier noir,
d'André Cayatte, avec Jean-Marc Bory.
La
Madelon, de Jean Boyer, avec Line Renaud.
Si tous
les gars du monde, de Christian-Jaque, avec Marc Cassot.
1956 Je reviendrai à
Kandara, de Victor Vicas, avec Daniel Gélin.
O.S.S.
117 n’est pas mort, de Jean Sacha, avec Yvan Desny.
1957 Le Gorille vous salue
bien, de Bernard Borderie, avec Lino Ventura.
Incognito,
de Patrice Dally, avec Eddie Constantine.
Maigret
tend un piège, de Jean Delannoy, avec Jean Gabin.
1958 Ça n’arrive qu’aux
vivants, de Tony Saytor, avec Giselle Pascal.
Minute
Papillon, de Jean Lefèvre, avec Fernand Raynaud.
1959 Le Saint mène la danse,
de Jacques Nahum, avec Félix Marten
1963 Coplan prend des risques,
de Maurice Labro, avec Dominique Paturel.
1964 Nick Carter va tout
casser, de Henri Decoin, avec Eddie Constantine.
Compartiment
tueurs, de Costa-Gavras, avec Yves Montand.
1969 Tintin et le temple du
soleil / Le temple du soleil, dessin animé d'Eddie Lateste, voix du
professeur
Bergamotte.
1991 An American tail :
Fievel goes West / Fievel au Far-west, dessin animé de Simon Wells et
Phil Nibbelink,
voix de Wylie Burp.
The rescuers down
under / Bernard et Bianca au pays des kangourous, dessin animé de Mike
Gabriel et Hendel
Butoy, voix de Percival McLeach.
1995 Pocahontas, dessin
animé de Mike Gabriel et Eric Goldberg, voix de Kekata.
2000 A la limite du
documentaire, sketch "Monsieur Williams (sur les traces d’une vie
impossible)",
de Denis Gaubert, voix du récitant.
© Yvan Foucart pour Les gens
du Cinéma (12 mars 2007)