Maria PACÔME

 

 

 

Née à Paris le 18 Juillet 1923

Vrai Nom : Simonne Pacôme

 

 

PORTRAIT

 

Qui ne connaît pas cette comédienne pétillante, drôle, au charme piquant, jouant la comédie à cent à l’heure  sur les scènes des théâtres ou sur le grand écran, dans des apparitions remarquées?

 

Née à Paris sous le signe du cancer, le 18 juillet 1923, elle s’appelle Simonne Pacôme. Ses parents  sont: Maurice Pâcome qui exercera le métier de chauffeur de taxi et Germaine Hivonnait qui sera sténo dactylographe. Mais, c’est elle-même qui se choisira le prénom de Maria.

 

Son enfance? Difficile! Ses premières années, elle les passe à Biarritz.

Toute jeune, elle pleure sur les malheurs de Cadichon, l’âne de la comtesse de Ségur. Elle fait aussi de la danse, accomplissant ainsi ses premiers pas dans le monde artistique et dans celui du spectacle. C’est une petite fille plutôt solitaire et sensible.

 

Son père? «Un communiste furieux, sincère, généreux mais qui nous a bien em… avec ses idées qu’il voulait imposer à tout le monde».  Un homme couvert de médailles après la guerre de 14-18, qu’il avait obtenues, disait-il, parce qu’il fonçait toujours le premier, tellement il avait peur!  Lors de la deuxième guerre mondiale, il sera déporté dans le sinistre camp de Buchenwald.

 

Maria a un frère Robert, qui est son aîné d’un an; il sera fusillé par les allemands alors qu’il n’avait que 19 ans. Pour Maria, il sera toujours «le petit frère»…et elle porte à jamais ce chagrin dans son cœur.

 

Ces expériences tragiques feront que son père se réfugiera dans l’alcool. «La boisson c’est l’horreur » dit Maria… Violent, il ne se résigne pas quand sa femme le quitte. Comme on le voit, des épreuves douloureuses pour une jeune femme! Maria évoque ses parents: «Mes parents je les aimais bien, mais je les préfère maintenant qu’ils ne sont plus là. Parce qu’au moins quand je leur parle, ils m’écoutent…»

 

La jeune fille est maintenant à Paris. Sa maman travaille au Ministère des Anciens combattants.

Elle se trouve une place de vendeuse. Un jour, dans le journal, elle repère l’adresse du Cours que tient René Simon. Elle s’y inscrit et rencontre des camarades qui se feront un nom! Danièle Delorme, Daniel Gélin, Serge Reggiani …des valeurs sûres qui n’étaient pas encore conscientes de leur carrière à venir !

 

Michèle Morgan déjà grande vedette vient de temps en temps et impressionne beaucoup Maria qui rêve d’avoir une carrière semblable.

 

Un an après son arrivée, elle rencontre un jeune comédien … «C’était un homme très beau et très intelligent» dit-elle de lui. Il s’appelait Maurice Ronet. C’est un coup de foudre réciproque et ils se marient en 1950. Tous deux partent dans le sud de la France à Moustiers-Sainte-Marie. Elle se lance dans la poterie, coud elle-même de petits sacs de lavande en lin qu’elle vend aux touristes. Mais ce bien timide artisanat n’est pas suffisant pour vivre correctement. Maurice se décide à regagner la capitale. Elle le suit mais sans pour autant penser à reprendre le théâtre. Elle choisit la peinture … Les difficultés financières seront fatales au jeune couple qui divorcera après 6 ans de mariage. «Tout s’est très bien passé dans la plus grande courtoisie. Mais j’ai mordu mon oreiller…»

 

Maurice, dans son livre «Le métier de comédien» évoque Maria : «J’étais totalement déboussolé quand j’ai rencontré Maria qui est une fille admirable. J’ai pensé qu’elle avait aussi besoin de stabilité et que nous pourrions créer  ensemble un univers neuf …Je me suis donc engagé dans les liens du mariage par amour d’abord, mais aussi parce que j’avais la conviction que nous parviendrions à modifier les sentiments dont je me méfiais… Je n’ai pas réussi.»

 

Michel Vitold lui offre l’opportunité de donner la réplique à Edwige Feuillère dans «La reine des insurgés» d’Ugo Betti. Un gentil succès sans plus! Après une tournée qui l’emmène jusqu’au Canada, pour des participations discrètes dans des spectacles, elle a l’agréable surprise de se voir proposer un rôle dans «Oscar»  avec Jean-Paul Belmondo et Pierre Mondy.  C’est le début de sa formidable carrière sur les planches! Nous sommes en 1958.

 

Suivront toute une série de rôles dans des pièces dites «de boulevard»…

Elle sera un des piliers de l’émission de Pierre Sabagh «Au théâtre ce soir» et l’on se souvient des «Doux Dingues» où elle partageait l’affiche avec Georges Descrières, Jean le Poulain et Maryse Martin;  des «Enfants d’Edouard»; du «don d’Adèle» avec la talentueuse Monique Tarbès et de bien d’autres grands succès. Sa gouaille, son tempérament explosif, sa voix si particulière et qui ne ressemble à aucune autre, font qu’on ne peut l’oublier.

 

Lassée par les pièces, toutes bâties sur le même modèle,  qu’on lui propose, elle décide d’écrire les textes qu’elle joue ensuite. Ainsi 7 comédies verront le jour dont «Apprends moi Céline», «Les Seins de Lola» et «On m’appelle Emilie» où un certain et tout jeune Patrick Bruel lui donne la réplique en 1984.

 

Elle sera aussi l’auteur du caustique «Eloge à ma paresse», qu’elle jouera, seule en scène au théâtre de la Gaîté-Montparnasse.  Elle y expose ses inquiétudes existentialistes, sous forme d’une conversation en prenant  le public à témoin, avec un sens de l’autodérision amusant et intelligent. 

 

 

Et le cinéma ?

 

Bien sûr, sa présence sur la grande toile blanche n’est pas aussi importante que celle qu’elle a assurée sur les planches des théâtres parisiens et de province!

 

En parcourant sa filmographie, on s’aperçoit que Maria aura surtout été une actrice de comédie et les metteurs en scène sans prendre de risques, auront plutôt fait appel à elle pour lui confier des rôles d’excentriques, un peu déjantées, légères, de bourgeoises snobs ou fofolles… Amusante, spirituelle, coquine, elle les assumera fort bien,  mais sans doute aurait-elle aimé incarner d’autres personnages… Son rôle dans la Crise, où elle joue la mère de famille qui tout d’un coup s’émancipe, s’affirme,  devant son époux et ses enfants complètement sidérés, en est la preuve car elle y est finalement très humaine! Pour ce film, elle sera pressentie pour le César du meilleur second  rôle féminin en 1993.

 

Dans ses deux derniers films («Le bel été 1914» et «Mauvais Esprit»), elle confirme sa capacité à composer des caractères plus en nuance.

 

Son vrai premier rôle au cinéma (1959) c’est celui où elle incarne la mère d’Henri Vidal et la  belle-mère de Brigitte Bardot dans le film de Michel Boisrond: «Voulez-vous danser avec moi?»

 

En 1961, Dans le «Tracassin», le film d’Alex Joffé, elle est la maîtresse d’Armand Mestral. Joyeuse distribution pour cette amusante comédie, nommons:  Bourvil, Pierrette Bruno, Rosy Varte… 

 

D’autres apparitions dans des comédies et nous la retrouvons dans «Le Gendarme de Saint-Tropez» où elle est une veuve que Claude Piéplu essaie de consoler en la présentant au «gendarme» De Funes.

 

Elle fait partie du casting des «Gorilles» avec toute une bande de joyeux lurons que sont Francis Blanche, Darry Cowl, Michel Galabru, Jean Carmet et Jean le Poulain pour ne citer qu’eux!

 

Dans «Les tribulations d’un chinois en Chine», elle est la mère de Valérie Lagrange et future belle-mère de Jean-Paul Belmondo!

 

Encore un rôle de comédie dans «les Combinards» où elle partage l’affiche avec Michel Serrault, encore une fois Darry Cowl, Noël Roquevert, Jeanne Sourza et Monique Tarbès.

 

Elle retrouve «Le Tendre Voyou» Jean-Paul Belmondo en 1966 pour le rôle de Mémère dans ce film de Jean Becker.

 

Epouse de Jean Valmence dans «la Maison de Campagne», elle est  la mère de Pierre Richard dans «Le distrait ».

 

Myrette, c’est son nom dans «Bons baisers à lundi» où trois cambrioleurs: Jean Carmet, Jean-Jacques Moreau et Jacques Canselier prennent en otage Bernard Blier.

 

Le premier rôle féminin lui revient dans «La situation est grave mais pas désespérée» !

 

Rappelons-nous sa prestation truculente dans le film «Les Sous-doués» où elle incarne une directrice de boite à bachot résolue et imaginative!

 

 

Maria a participé à de nombreuses fictions télévisées et je me rappelle pour ma part, dans le cadre du théâtre de la jeunesse de Claude Santelli, «le Fantôme de Canterville», alias Claude Rich, et où elle est l’épouse de Jacques Fabbri.

 

Elle a été durant plusieurs épisodes, la gouvernante du «Docteur Sylvestre» (Sylvain Augier) avant de laisser sa place à Marthe Villalonga. Enfin plus récemment, citons sa présence dans la série «Les secrets du Volcan ».

 

Maria a un fils, François-Pierre, qu’elle aime par-dessus tout bien sûr, et elle a eu le bonheur de jouer avec lui (sous le nom de François Pacôme) dans certaines des pièces qu’elle a écrites.

 

Décidée à quitter Paris, elle aspire au calme et choisit de s’installer dans la région parisienne; elle  a envie de s’y entourer d’animaux, déjà son chat siamois Ti-Pot y a pris ses habitudes. Elle  vient de faire paraître un livre, «Maria sans Pacôme» plein d’humour, original et léger comme ce champagne qu’elle aime tant !

 

Bravo Madame et merci de nous apporter tant de plaisir et de divertissement, à chaque fois que nous vous voyons ou lisons! 

 

© Donatienne ROBY pour Les Gens du Cinéma

 

 

FILMOGRAPHIE

 

1959   Les jeux de l’amour / Suzanne et les roses : de Philippe De Broca

avec Pierre Repp

                Voulez-vous danser avec moi ? : de Michel Boisrond

avec Henri Vidal

1961   Le tracassin ou les plaisirs de la ville : de Alex Joffé

avec Léo Campion

1962   Un clair de lune à Maubeuge : de Jean Chérasse

avec Sophie Hardy

1963   Constance aux enfers : de François Viliers

avec Claude Rich

                Que personne ne sorte / La dernière enquête de Wens : dde Yvan Govar

avec Jacqueline Maillan

                Rien ne va plus : de Jean Bacqué

avec Emma Damia

1964   Les combinards : de Jean-Claude Roy

avec Agnès Spaak

                Le gendarme de Saint-Tropez : de Jean Girault

avec Louis De Funès

                Les gorilles : de Jean Girault

avec Florence Blot

                Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd : de Jacques Poitrenaud

                               avec Louis De Funès

1965   Les tribulations d’un chinois en Chine : de Philippe De Broca

avec Jess Hahn

1966   Tendre voyou : de Jean Becker

avec Nadja Tiller

1968   Un drôle de colonel : de Jean Girault

avec Michel Galabru

1969   La maison de campagne : de Jean Girault

avec Guy Tréjean

1970   Le distrait : de Pierre Richard

avec Marie-Christine Barrault

1974   Bons baisers, à lundi : de Michel Audiard

avec Bernard Blier

                Pas de problème ! / Le doux voyage de Monsieur Michalon : de Georges Lautner

avec Miou-Miou

1975   La situation est grave mais pas désespérée : de Jacques Besnard

avec Michel Serrault

1976   Silence… on tourne : de Roger Coggio

avec Elisabeth Huppert

1977   Le dernier baiser : de Dolorès Grassian

avec Bernard Fresson

1979   Les sous-doués : de Claude Zidi

avec Daniel Auteuil

1992   La crise : de Coline Serreau

avec Zabou

1995   Le bel été 1914 : de Christian De Chalonge

avec Claude Rich

1996   Une femme très très très amoureuse : de Ariel Zeïtoun

avec Michel Boujenah

2003   Mauvais esprit : de Patrick Alessandrin

avec Tsilla Chelton

 

ã Jean-Pascal CONSTANTIN pour Les Gens du Cinéma (Mise à jour 10/10/2007)