ODETTE LAURE
Vrai nom :
Odette Yvonne Marie Dhommée.
Née à Paris
(19ème) le 28 février 1917.
Décédée à Paris
(14ème) le 10 juin 2004.
Haute comme trois pommes,
cette "petite sœur d'Arletty" à l'abattage inépuisable ne se départait
jamais de son humour volontiers canaille et de sa gouaille de titi parisien.
Ses parents tiennent un
bistrot à Belleville, un endroit où l'on perd toute timidité, et dont la jeune
Odette se sert de scène, de sa première, pour exprimer son talent naissant et
ses dons innés d'artiste.
En vérité, papa et maman ne
la voient pas du tout en saltimbanque et l'inscrivent immédiatement à une école
de coiffure. Ce qui leur paraît
nettement plus digne et plus sérieux.
Odette accepte à
contrecoeur, mais, entêtée, fréquente les radios crochets qui, à cette époque,
prolifèrent en fin de semaine. Nous sommes encore bien loin de la Star Ac. Ce
qui doit arriver advient : elle décroche un premier prix et décide dès cet
instant d'abandonner les shampoings et les bigoudis.
Elle a dix-sept ans. Elle se
lance dans le tour de chant et se produit notamment au cabaret tenu par Suzy
Solidor avant d'aboutir à Bobino et à l'Olympia. Parmi ses succès : Le tango immobile, Moi
j'tricote, j'suis idiote, Tout ça parce qu'au bois de Chaville, et surtout Ça
tourne pas rond dans ma p'tite tête récompensé par le Grand Prix du disque
de l'Académie Charles Cros.
Elle passe aussi sur les
scènes d'opérettes, entre autres avec Il faut marier maman de Guy Lafarge, Véronique
d'André Messager et Ciboulette de Reynaldo Hahn.
Aux débuts de la télévision,
"l'étrange lucarne" ainsi dénommée, elle anime régulièrement
l'émission de variétés Trente-six
chandelles de Jean Nohain, Dominique Nohain et André Leclerc.
Puis, elle assure une
présence assidue au boulevard avec des pièces à succès comme : La brune que
voilà de et avec Robert Lamoureux; Le noir te va si bien de Jean
Marsan (avec Jean Le Poulain); Le mal court de Jacques Audiberti; Un
homme comme les autres d'Armand Salacrou; Joyeuses Pâques de et avec
Jean Poiret; On m'appelle Emilie de et avec Maria Pacôme où elle
est touchante dans son rôle de clocharde à l'âme pure, Le bonheur des autres
de Robert Favart (avec Richard Berry); Chéri de Colette (avec Michèle
Morgan); La ménagerie de verre, le chef d'œuvre de Tennessee Williams
qui lui vaut le Prix Béatrix Dussane.
C'est parrainée par Marcel
Carné et Jean Gabin qu'elle aborde le cinéma en 1949, avec une composition très
remarquée dans La Marie du port immédiatement suivie de Lady Paname,
une évocation du Paris des années 20 qui sera la seule mise en scène du grand
critique que fut Henri Jeanson.
Dans Mitsou,
l'héroïne de Colette, la réalisatrice Jacqueline Audry lui réserve le rôle
d'une cocotte à la verve exubérante. Un personnage sur mesure !
Dans Le viager de
Pierre Tchernia, elle incarne l'une des "bienfaitrices" de l'inusable
Martinet / Michel Serrault. Avec Daddy
Nostalgie de Bertrand Tavernier, elle reçoit une nomination au César du
meilleur second rôle féminin pour son personnage de vieille femme
résignée. Hélas, la célèbre statue lui
échappe au profit de la très méritante Dominique Blanc.
Avec Les mamies
d'Annick Lanoë, elle rejoint une étincelante distribution de
"jeunesses" : Danielle Darrieux, Sophie Desmarets, Paulette Dubost,
Jackie Sardou et Marthe Villalonga, un film qui malheureusement ne récolte pas
le succès escompté. Pour son
avant-dernier rôle, en 1998, dans La dilettante de Pascal Thomas, elle
campe la pittoresque Zoé de la Tresmondière, encore une mamie, celle-ci quelque
peu foldingue.
Bien sûr, la télévision la
sollicite largement et l'on se souvient de Entre terre et mer de
Hervé Baslé, de Maigret et la vieille dame avec Bruno Cremer, etc.
Odette Laure avait publié ses
mémoires au titre résumant parfaitement sa philosophie de vie : "Aimer,
rire et chanter" (chez Flammarion, 1997).
Après un bref mariage suivi
d'un rapide divorce, elle s'enferme et se complait définitivement dans le
célibat.
Retirée du spectacle depuis quatre ans, elle décède dans une résidence
parisienne pour personnes âgées. Elle
avait 87 ans.
FILMOGRAPHIE
1949 La Marie du port, de Marcel Carné, avec Jean
Gabin.
Lady Paname, de Henri Jeanson, avec
Louis Jouvet.
1950 Ce bon Monsieur Durand, moyen métrage de
Charles-Félix Tavano, avec Jean Lanier.
1951 Si ça vous chante, de Jacques Loew, avec
Pierre Dudan, inachevé.
1952 La fête à Henriette, de Julien Duvivier, avec
Dany Robin.
La pocharde, de Georges Combret,
avec Pierre Brasseur.
1953 Le grand jeu, de Robert Siodmak, avec
Jean-Claude Pascal.
1956 Mitsou, de Jacqueline Audry, avec Danièle
Delorme.
1957 C’est arrivé à 36 chandelles, de Henri
Diamant-Berger, avec Jean Nohain.
L’école des cocottes, de Jacqueline
Audry, avec Fernand Gravey.
1958 Guinguette, de Jean Delannoy, avec Zizi
Jeanmaire.
Nuits de Pigalle, de Georges Jaffé,
avec Danielle Godet.
1971 Le viager, de Pierre Tchernia, avec Michel
Serrault.
1976 Les douze travaux d’Astérix, dessin animé de René
Goscinny, Albert Uderzo et Pierre
Watrin, voix.
1977 Moi, fleur bleue, de Eric Le Hung, avec Jodie
Foster.
1978 Au bout du bout du banc, de Peter Kassovitz,
avec Victor Lanoux.
1982 Le braconnier de Dieu, de Jean-Pierre Darras,
avec Michel Galabru.
1984 Les nanas, de Annick Lanoë, avec Dominique
Lavanant.
1988 Périgord noir, de Nicolas Ribowski, avec
Roland Giraud.
1989 Daddy Nostalgie de Bertrand Tavernier, avec
Dirk Bogarde.
1990 Jalousie, de Kathleen
Fonmarty, avec Lio.
1991 Le bal des casse-pieds, de Yves Robert, avec
Miou-Miou.
Riens du tout, de Cédric Klapisch,
avec Fabrice Luchini.
1992 L’inconnu dans la maison, de Georges Lautner,
avec Jean-Paul Belmondo.
Les mamies, de Annick Lanoë, avec
Danielle Darrieux.
1998 La dilettante, de Pascal Thomas, avec
Catherine Frot.
1999 Le prof, de Alexandre Jardin, avec
Jean-Hugues Anglade.
© Yvan
Foucart – Dictionnaire des comédiens français disparus.