Vrai Nom : Gill Gaston Grangier
SOUVENIR :
Gilles Grangier, un vieux de la vieille
Les films: «Poisson
d’avril», «Gas-oil», «Le sang à la tête», «Le rouge est mis», «Le désordre et
la nuit», «Archimède le clochard», «125 rue Montmartre», «Les vieux de la
vieille», «Le cave se rebiffe», «Le gentleman d’Epsom», «Maigret voit rouge»,
«La cuisine au beurre», «L’âge ingrat», «Sous le signe du taureau»… ont tous en
commun leur réalisateur: Gilles Grangier! Je lui tire mon chapeau et lui
rendrai toujours hommage. Ses films sont un vrai enchantement. Un vrai régal!
Un délice où la bonne humeur est toujours présente.
Je trouve que ce
réalisateur n’a pas eu la place qu’il mérite dans la profession mais aussi dans
le cœur des français. Peut-être que je me trompe, mais je pense qu’il serait
bon que l’on se souvienne de ses films et que l’on retienne son nom parmi les
plus grands réalisateurs du cinéma français. Il est intéressant de noter aussi
que le réalisateur Jacques Deray («Borsalino», «La piscine», «Le solitaire»…) a
été son assistant et a beaucoup appris à ses côtés.
J’ai connu Gilles
Grangier. Il m’avait envoyé un petit mot: «Je vous souhaite de réussir dans
vos projets (…)», et surtout je suis allé lui rendre visite le 10
juillet 1995, chez lui, dans son appartement du 22 bis rue de Chartres à
Neuilly-sur-Seine. J’y suis allé au culot, sans rendez-vous, en sonnant à sa
porte. J’ai beaucoup insisté auprès d’une femme (sa bonne) qui m’ouvrit la
porte et qui ne voulait pas me laisser rentrer car «Monsieur Grangier est très
fatigué» me dit-elle. Je l’ai suppliée et finalement Gilles Grangier lui a
demandé de me laisser rentrer et j’ai ainsi réalisé l’un de mes rêves.
Vous ne pouvez pas
vous imaginer le bonheur que j’ai eu lorsque je l’ai vu assis sur son fauteuil
(sa femme était allongée sur le canapé, les yeux ouverts fixant son époux, sans
parler). Nous avons évoqué son grand ami Jean Gabin avec qui il a beaucoup
tourné, ou encore Michel Audiard. «Audiard c’était pour moi un frère» m’a
t-il dit. Ca lui faisait beaucoup de peine de se souvenir de ses amis qui sont
partis… le laissant seul. A la fin de sa vie, il ne voulait plus parler de
cinéma. Il s’était retiré depuis longtemps et, pour lui, c’était du passé. La
page était tournée. A un moment, il regarde sa femme et lui dit, en parlant de
moi: «Regarde comme il est heureux!». En effet, j’étais très
heureux et prenais conscience de l’importance de cette rencontre, moi qui
n’avais que 20 ans. Il était épaté que je vienne de La Ciotat pour le voir. Il
m’a demandé s'il y avait toujours des studios à Marseille. Puis, il me proposa
une bière. Lui, en a pris une sous les regards inquiétants et mécontents de sa
femme et de sa bonne. Il me regarde, se penche vers moi et me soupire: «Ah
ces femmes!…» en ayant l’air de dire qu’elles sont «emmerdantes». J’avais
l’impression de voir Gabin! Je me suis mis à rire et j’ai apprécié cette complicité
comme si nous étions deux collègues.
J’étais très intimidé
d’être à ses côtés, lui qui a fait tourné les plus grands comédiens et
comédiennes comme: Gabin, Fernandel, Bourvil, de Funès, Ventura, Martine Carol,
Ginette Leclerc et bien d’autres… Et la plupart, dont surtout Gabin ou
Fernandel, sont venus souvent dans l’appartement même où je me trouvais, m’a
t-il raconté.
Son film «La cuisine
au beurre» avec Bourvil et Fernandel est inoubliable! J’ai aussi beaucoup aimé
«Les vieux de la vieille» avec Jean Gabin, Pierre Fresnay, Noël-Noël, «L’âge
ingrat» avec Fernandel et Jean Gabin, ou «Le gentleman d’Epsom» avec Gabin, de
Funès et Jean Lefebvre, ou encore «Poisson d’avril» avec Bourvil, de Funès et
Annie Cordy, dont j’ai l’affiche du film datant de 1954.
Bref, après avoir bien
discuté, Gilles Grangier m’a écrit sur un de mes livres d’or: «A Stéphan, le
meilleur souvenir du metteur en scène des films qu’il a aimé!» et a tenu à
me raccompagner jusqu’à la porte, en marchant difficilement avec une canne. Je
voyais bien que c’était un effort qu’il tenait à faire. Et nous nous sommes
pris nos mains et nous nous les sommes serrées très fort… en signe d’adieu. Je
lui téléphonais quelques fois, mais malheureusement, il perdait la mémoire et
ne se souvenait plus de moi malgré le merveilleux moment que nous avions passé
ensemble.
La comédienne Andréa
Parisy, qui avait tourné pour lui dans «Les bons vivants» ou dans «125 rue
Montmartre», me dira la même chose, choquée, après l’avoir rencontré dans la
rue sans qu’il la reconnaisse.
Gilles Grangier
décèdera à l’hôpital, en avril 1996, à l’âge de 85 ans.
@
Stéphan GUERARD pour "Les Gens du cinéma" (30 mai 2006)
1934 – Fédora : de Louis Gasnier
avec
Marie Bell
○
Seulement Interprétation
L’homme
à l’oreille cassée : de Robert boudrioz
avec
Tomy bourdelle
○
Seulement Interprétation
1936 – Le cœur dispose : de Georges
Lacombe
avec
Renée Saint-Cyr
○
Seulement Assistant Réalisateur et Interprétation
1937 – Désiré : de Sacha Guitry
avec
Jacqueline Delubac
○
Seulement Assistant Réalisateur
Les
secrets de la Mer Rouge : de Richard Pottier
avec
Harry Baur
○
Seulement Assistant Réalisateur
1938 – Deux de la réserve : de René
Pujol
avec
Tichadel
○
Seulement Assistant Réalisateur
Un
fichu métier : de Pierre-Jean Ducis
avec
Lucien Baroux
○
Seulement Assistant Réalisateur
Trois
artilleurs en vadrouille : de René Pujol
avec
Pierre Larquey
○
Seulement Assistant Réalisateur
Trois
valses : de Ludwig Berger
avec
Pierre Fresnay
○
Seulement Assistant Réalisateur
Un
de la Canebière : de René Pujol
avec
Alibert
○
Seulement Assistant Réalisateur
1939 – Les gangsters du château
d’If : de René Pujol
avec
Betty Stockfeld
○
Seulement Assistant Réalisateur
Sur
le plancher des vaches / Le plancher des vaches : de Pierre-Jean Ducis
avec
Noël-Noël
○
Seulement Assistant Réalisateur
1942 – Le camion blanc : de Léo
Joannon
avec
Jules Berry
○
Seulement Assistant Réalisateur
Monsieur
La Souris : de Georges Lacombe
avec
Raimu
○
Seulement Assistant Réalisateur
1943 – Adémaï bandit d’honneur : de
Gilles Grangier
avec
Noël-Noël
1944 – Le cavalier noir : de Gilles
Grangier
avec
Georges Guétary
Florence
est folle : de Georges Lacombe
avec
Marcelle Praince
○
Seulement Assistant Réalisateur
1945 – L’aventure de Cabassou /
Cabassou : de Gilles Grangier
avec
Fernandel
Leçon
de conduite / Les caprices de Micheline : de Gilles Grangier
avec
Odette Joyeux
Trente
et quarante : de Gilles Grangier
avec
Georges Guétary
1946 – Histoire de chanter : de Gilles
Grangier
avec
Luis Mariano
Rendez-vous
à Paris : de Gilles Grangier
avec
Annie ducaux
1947 – Danger de mort : de Gilles
Grangier
avec
Fernand Ledoux
Par
la fenêtre / Je reviendrai par la fenêtre : de Gilles Grangier
avec
Bourvil
1948 – Femme sans passé : de Gilles
Grangier
avec
François Périer
Jo
la Romance / Celle que j’aime : de Gilles Grangier
avec
Ginette Leclerc
Métier
de fous : de André Hunebelle
avec
Gaby Sylvia
○
Seulement Scénario
1949 – Amédée : de Gilles Grangier
avec
Rellys
○
+ Adaptation
Amour
et Cie : de Gilles Grangier
avec
Georges Guétary
Au
P’tit Zouave : de Gilles Grangier
avec
Dany Robin
1950 – L’amant de paille : de
Gilles Grangier
avec
Gaby Sylvia
Les
femmes sont folles : de Gilles Grangier
avec
Raymond Rouleau
○
+ Scénario et Adaptation
L’homme
de joie : de Gilles Grangier
avec
Simone Renant
Les
petites Cardinal / La famille Cardinal : de Gilles Grangier
avec
Denise Grey
1951 – L’amour, Madame : de Gilles
Grangier
avec
François Périer
Le
plus joli péché du monde / Jacques et Zoé : de Gilles Grangier
avec
Dony Robin
1952 – Jupiter / Douze heures de
bonheur : de Gilles Grangier
avec Georges Marchal
1953 – Faites-moi confiance : de
Gilles Grangier
avec
Zappy Max
○
+ Adaptation
Jeunes
mariés / Histoire de brigands : de Gilles Grangier
avec
Anne Vernon
La
vierge du Rhin : de Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
1954 – Poisson d’Avril : de Gilles
Grangier
avec
Annie Cordy
○
+ Adaptation
Le
printemps, l’automne et l’amour : de Gilles Grangier
avec
Fernandel
○
+ Scénario et Adaptation
1955 – Gas-oil : de Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
○
+ Scénario
1956 – Reproduction interdite : de
Gilles Grangier
avec
Annie Girardot
○
+ Adaptation
Le
sang à la tête : de Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
○
+ Adaptation
1957 – Echec au porteur : de Gilles
Grangier
avec
Jeanne Moreau
○
+ Adaptation
Le
rouge est mis : de Gilles Grangier
avec Jean Gabin
○
+ Scénario
Trois
jours à vivre : de Gilles Grangier
avec
Daniel Gélin
○
+ Adaptation
1958 – Archimède le clochard : de
Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
○
+ Adaptation
Le
désordre et la nuit : de Gilles Grangier
avec
Danielle Darrieux
○
+ Adaptation
1959 – Les affreux / Les
pétroleurs : de Marc Allégret
avec
Pierre Fresnay
○
Quelques séquences ont été tournées par Gilles Grangier – Non Crédité au
Générique
125,
rue Montmartre : de Gilles Grangier
avec
Lino Ventura
○
+ Adaptation
1960 – Les vieux de la vieille : de
Gilles Grangier
avec
Pierre Fresnay
○
+ Adaptation
1961 – Le cave se rebiffe : de
Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
○
+ Adaptation
1962 – Le gentleman d’Epsom / Les grands
seigneurs : de Gilles Grangier
avec
Paul Mercey
○
+ Adaptation
Le
voyage à Biarritz : de Gilles Grangier
avec
Arletty
○
+ Adaptation
1963 – La cuisine au beurre : de
Gilles Grangier
avec
Bourvil
Maigret
voit rouge : de Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
○
+ Adaptation
1964 – L’âge ingrat : de Gilles
Grangier
avec
Marie Dubois
○
+ Scénario et Adaptation
1965 – Les bons vivants : de Gilles
Grangier et Georges Lautner
avec
Louis de Funès
○
Segments : ‘La fermeture’ et ‘Le procès’
Train
d’enfer : de Gilles Grangier
avec
Jean Marais
○
+ Adaptation
1966 – L’homme à la Buick : de
Gilles Grangier
avec
Danielle Darrieux
○
+ Adaptation
1967 – Une cigarette pour un
ingénu : de Gilles Grangier
avec
Mylène Demongeot
○
Film Inachevé
1968 – Sous le signe du taureau / Fin de
journée : de Gilles Grangier
avec
Jean Gabin
○
+ Adaptation
1971 – Un cave : de Gilles Grangier
avec
Marthe Keller
○
+ Adaptation
1973 – Gross Paris : de Gilles
Grangier
avec
Claude Piéplu
○
+ Adaptation
ã Jean-Pascal CONSTANTIN pour Les Gens du Cinéma (Mise à jour André
SISCOT 21/08/2012)