MARIE
GLORY
Un doux parfum de nostalgie
Vrai nom :
Raymonde Louise Marcelle Toully.
Née à Mortagne-au-Perche (Orne)
le 3 mars 1905.
Décédée à Cannes
(Alpes-Maritimes) le 24 janvier 2009.
Si le souvenir
de Marie Glory reste encore aussi présent dans la mémoire des cinéphiles, c'est
parce qu'elle fut durant une longue décennie l'une des comédiennes les plus
populaires et les plus appréciées du cinéma français.
Curieusement,
c'est son engagement patriotique durant la seconde guerre qui sera la cause de
l'ingrat oubli des producteurs.
En effet, elle
fut l'une des rares actrices à avoir rejoint les Forces Françaises Libres du
Général de Gaulle. Un peu à l'image de Jean Gabin, de Claude Dauphin et de
Jean-Pierre Aumont.
A la
différence, qu'eux ont réussi leur retour cinématographique sans trop de
difficultés.
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aymonde Toully qui allait mieux se faire connaître
sous le pseudonyme davantage artistique de Marie Glory naît le 3 mars 1905 au
domicile de ses parents, place des halles, à Mortagne-au-Perche, où le papa
tient un salon de coiffure tandis que maman donne libre cours à sa passion pour
la peinture.
Peu après, la petite famille quitte les forêts
domaniales et les bocages ornais pour Rouen, où Marie, encore Raymonde, passe
son adolescence et effectue ses études au Lycée Jeanne d'Arc.
A 18 ans, chaperonnée par maman, elle gagne la
capitale et s'inscrit à un cours de danse afin de perfectionner les premiers
rudiments acquis à Rouen. Elle participe
même à un concours de beauté où elle décroche la deuxième place. Son joli minois lui permet de poser pour des
cartes postales ainsi que pour des affiches publicitaires dans le cadre de
"la grande exposition de blanc" ayant lieu chaque année dans les grands
magasins.
C'est nantie de ces
"précieux" passeports qu'elle hante les plateaux d'un cinéma encore
muet et qu'elle participe à quelques figurations avant de tourner ses premiers
films sous le nom d'emprunt d'Arlette Genny.
C'est Marcel L'Herbier qui sera le véritable artisan
de son envol. En 1928, il lui confie
face à Brigitte Helm l'un des principaux
rôles de L'argent, une adaptation réussie du roman de Zola. C'est L'Herbier toujours, qui pour la
circonstance, la rebaptise définitivement Marie Glory.
Ce succès immédiat lui permet d'enchaîner avec le
second Monte Cristo cinématographique dans lequel Jean Angelo, grande
vedette de l'époque, assume le rôle-titre.
En 1930, elle tourne son premier film parlant L'enfant
de l'amour en retrouvant L'Herbier dont c'est aussi la première réalisation
sonore. Ce film est suivi durant cette décennie d'une succession de réussites
avec des comédies sentimentales fort prisées qui alimentent les songes éblouis
de nos parents.
Citons les deux Dactylo où elle chante
divinement bien auprès de Jean Murat; Charlemagne pour le plaisir
professionnel d'être confronté à Raimu dont elle est ici la compagne
d'infortune; Le paquebot Tenacity d'après la pièce de Charles Vildrac
avec Albert Préjean; Les amants terribles d'après celle de Noël Coward
(certainement son meilleur rôle avec ceux des deux Dactylo) avec André
Luguet; Les gens du voyage pour lequel Feyder lui offre le rôle de
Pepita, la jeune écuyère; Avec le sourire, une comédie menée tambour battant
avec Maurice Chevalier, etc.
Elle tourne non seulement à Paris, mais aussi à
Londres avec Ralph Richardson, Vienne, Berlin, Rome, Munich, etc.
Marie a atteint son objectif, c'est une actrice
comblée, adulée. Tout lui sourit. Ses films sont autant de succès et hors des
plateaux elle peut s'adonner à sa passion : l'aviation qu'elle pratique aux
commandes de son petit appareil qu'elle retrouve à chacun de ses moments de
liberté.
En 1939, elle entame le tournage de Dernier
refuge sous la direction d'un jeune scénariste passé à la mise en scène,
Jacques Constant. Le film restera
inachevé, mais connaîtra quand même un heureux dénouement puisque l'interprète,
à peine déçue, convole fin de cette même année avec son réalisateur.
Trois jours après
l'occupation de Paris, le couple gagne l'Espagne via Biarritz jusqu'à la
frontière portugaise… dans le même train qu'un certain Dalio ! De là, ils
traversent l'Atlantique pour Buenos Aires.
Elle y crée une œuvre pour venir en aide aux prisonniers de guerre et
milite au sein du Secours International aux Enfants de France. En 1942, elle demande à rallier l'Algérie,
mais n'ira pas plus loin que la Terre de Feu où s'égare son appareil. Elle
rejoint finalement la Martinique par bateau et s'engage dans les Forces
Françaises Libres où elle s'active dans la propagande radiophonique.
Démobilisée, décorée, elle retrouve Paris. Hélas, c'est pour se rendre compte que, non
seulement son appartement de la rue Des Renaudes dans le dix-septième a été
pillé durant l'Occupation, mais aussi que les studios et les producteurs l'ont
complètement et injustement oubliée.
Avec son mari, puis seule à la rue de Miromesnil,
elle expose des peintres dont l'artiste colombienne Emma Reyes rencontrée à
Callao pendant la guerre.
Elle voyage beaucoup : Berlin, la Yougoslavie, les
USA, etc.
Elle participe à quelques séries télévisées
américaines aux côtés de ses compatriotes Louis Jourdan et Claude Dauphin, mais
hélas nous n'en trouvons plus la trace aujourd'hui.
Quant au cinéma français, elle doit attendre 1952 et
sa rencontre avec Christian-Jaque pour y renouer avec Adorables créatures,
dont l'une, Antonella Lualdi, joue le rôle de sa fille.
On la voit encore belle-mère de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la
femme, mais c'est en concierge pour La
chatte sort ses griffes qu'elle clôt sa carrière.
Du moins pour le 7ème art, car en 1964 Pierre
Cardinal la dirige pour une ultime apparition dans un téléfilm de l'ORTF, Les
beaux yeux d'Agathe, aux côtés d'Anne Tonietti et de Georges
Poujouly.
Marie à Puget-Théniers en 1997 lors d'un
hommage à sa carrière (Souvenance de Cinéphiles).
Elle comprend que pour elle le cinéma est bien fini
et qu'il s'agit, à présent, d'assumer une reconversion. Ce qu'elle trouve en ouvrant un salon de
coiffure à Paris (faut-il y voir quelques gènes paternels ?)
Finalement, en 1973, elle décide de descendre sur la
Côte d'Azur, à Cannes, afin de s'y fixer définitivement.
Elle s'installe dans un coquet appartement à deux
minutes de la mer, près de la Croisette, apparemment sans trop de regrets pour
son passé cinématographique… bien que, amusée, elle confiait récemment à un
journaliste de "Nice-matin" : "Si on me proposait un rôle
aujourd'hui, je le refuserai… et d'ajouter avec un clin d'œil
complice … sauf si mon partenaire s'appelle Robert Redford !"
Nous espérions très bientôt fêter son cent et
quatrième anniversaire dans l’agréable maison de retraite cannoise qui l'avait accueillie.
Hélas, Marie nous a quittée discrètement et paisiblement dans la matinée de ce
samedi 24 janvier.
Et selon ses vœux, elle sera incinérée.
Son souvenir restera fidèlement ancré dans le cœur
de ses admirateurs et des personnes qui ont eu l’immense bonheur de l’approcher
car ils se souviendront d’une Marie spontanée, charmante, primesautière, mutine
et malicieuse, qui pouvait si bien sourire aux objectifs, au point que certains
journalistes la baptisèrent et avec mille raisons : "la superbe B.B. des
années 30."
(avec l'aimable collaboration de Mademoiselle Mireille Beaulieu - Paris
et de Jean-Louis Milla de
Puget-Théniers).
FILMOGRAPHIE.
1924
Le miracle des loups, de Raymond Bernard, figuration.
Monsieur de directeur, de Robert Saidreau, avec Jean Dax. (sous le pseudonyme d'Arlette
Genny)
1925
Les dévoyés, de Henri Vorins, avec Max Maxudian. (sous
le pseudonyme d'Arlette Genny)
1927
La maison sans amour, d'Emilien Champetier, avec Jean Coquelin. (sous le pseudonyme
d'Arlette
Genny)
Miss Helyett, de Georges Monca et Maurice Kéroul, avec Fernand Fabre. (sous le
pseudonyme d'Arlette Genny)
1928
L'argent, de Marcel L'Herbier, avec Pierre Alcover.
Monte Cristo, de Henri Fescourt, avec Jean Angelo.
1929
Autour de l'argent, documentaire de Jean Dréville, avec Pierre Alcover.
Mon béguin / Miss Lohengrin, de Hans Behrendt, avec Enrico Benter.
1930
L'enfant de l'amour, de Marcel L'Herbier, avec Jaque-Catelain.
Les chevaliers de la montagne, de Mario Bonnard, avec Luis Trenker.
Les deux mondes, de Ewald-André Dupont, avec Henri Garat.
Le roi de Paris, de Léo Mittler, avec Ivan Pétrovitch.
La folle aventure, de Carl Froelich et André-Paul Antoine, avec Jean
Murat.
Lévy et Cie, de André Hugon, avec Léon Bélières.
1931
Dactylo, de Wilhelm Thiele, avec Jean Murat.
Tu seras duchesse, de René Guissart, avec Fernand Gravey.
L'amoureuse aventure, de Wilhelm Thiele, avec Albert Préjean.
L'ensorcellement de Séville, de Benito Perojo, avec Georges Péclet. (film arrêté puis repris
sans Marie Glory)
Prisonnier de mon cœur, de Jean Tarride, avec Roland Toutain.
1932
Une étoile disparaît, de Robert Villers, avec Constant Rémy.
Mon cœur balance, de René Guissart, avec Noël-Noël.
Madame ne veut pas d'enfants, de Hans Steinhoff et Constantin Landau,
avec Robert Arnoux.
Monsieur, Madame et Bibi, de Jean Boyer et Max Neufeld, avec René
Lefèvre.
1933
Son Altesse impériale, de Victor Janson et Jean Bernard-Derosne, avec
Georges Rigaud.
Charlemagne, de Pierre Colombier, avec Raimu.
La femme idéale, d'André Berthomieu, avec André Lefaur.
1934
Dactylo se marie, de René Pujol et Joe May, avec Jean Murat.
Le paquebot Tenacity, de Julien Duvivier, avec Albert Préjean.
Votre sourire, de Monty Banks et Pierre Caron, avec Victor Boucher.
King of Paris (version anglaise de "Le roi de Paris" de 1930),
de Jack Raymond, avec Ralph
Richardson.
1936
L'homme sans cœur, de Léo Joannon, avec Pierre Renoir.
Le mort en fuite, d'André Berthomieu, avec Michel Simon.
Les amants terribles, de Marc Allégret, avec André Luguet.
Avec le sourire, de Maurice Tourneur, avec Maurice Chevalier.
1937
Les gens du voyage, de Jacques Feyder, avec Françoise Rosay.
Le porte-veine, d'André Berthomieu, avec Lucien Baroux.
1938
Terre de feu, de Marcel L'Herbier, avec Jean Servais.
Terra di fuoco, version italienne du précédent, de Marcel L'Herbier et
Giorgio Ferroni, avec
les mêmes interprètes.
Una moglie in pericolo / Une femme en péril /, de Max Neufeld, avec
Antonio Centa.
Napoli che non muore / Naples d'autrefois, d'Amleto Palermi, avec Paola
Barbara.
1939
Dernier refuge, de Jacques Constant, inachevé.
1951
La folla, de Silvio Laurenti Rosa, avec Tino Buazzelli.
1952
Adorables créatures, de Christian-Jaque, avec Antonella Lualdi.
La fugue de Monsieur Perle, de Pierre Gaspard-Huit, avec Noël-Noël.
1953
Gli uomini, che mascalzoni !, de Glauco
Pellegrini, avec Antonella Lualdi.
1955
Lo scapolo / Le célibataire, de Antonio Pietrangeli, avec Alberto Sordi.
1956
Et Dieu créa la femme, de Roger Vadim, avec Brigitte Bardot.
1957
Premier mai / Le père et l'enfant, de Luis Saslavsky, avec Yves Montand.
Rafles sur la ville, de Pierre Chenal, avec Charles Vanel.
1958
La chatte, de Henri Decoin, avec Françoise Arnoul.
Ramuntcho, de Pierre Schoendoerffer, avec Mijanou Bardot.
1959
La Chatte sort ses griffes, de Henri Decoin, avec Françoise Arnoul.
© Yvan Foucart – Dictionnaire des
comédiens français disparus pour les Gens du Cinéma.
(reproduction
interdite - 27 janvier 2009)