ANNIE
GIRARDOT
Vivre pour vivre…
Au début de sa carrière, Jean Cocteau l'a définie comme :
"le plus beau tempérament dramatique de l'après-guerre…"
D'autres l'ont aussi souvent comparée à
Réjane.
Une erreur.
Elle est tout simplement Annie Girardot, une grande, une
très grande comédienne qui eut ses
laudateurs et … autant de détracteurs.
Normal, quand on a une telle personnalité et un tel franc
parler.
Sans fard, sans tricherie. En restant humble, naturelle,
droite, proche des gens.
Durant plus de deux décennies, elle fut la comédienne
préférée des Français.
Pour eux, pour nous, elle a tout joué en s'investissant
avec une passion peu commune dans le drame comme dans la fantaisie.
Quel répertoire ! Du docteur à la prostituée en passant
par la femme à barbe, l'avocate, la femme de ménage, la salutiste, la juge, la
femme flic. Toujours parfaite.
Aujourd'hui, nous revenons sur sa carrière avec une
incommensurable tristesse car elle ne peut nous accompagner dans son passé.
D |
e milieu
modeste, Annie voit le jour le dimanche 25 octobre 1931 à l'Hôpital Saint-Louis
dans le Xème arrondissement de Paris. Elle rejoint Jean, son frère aîné de cinq
ans.
Ce
dimanche-là, l'enseigne du Casino de Paris affiche Paris qui pétille et
Mistinguett, le nom de sa célèbre meneuse. Accompagnée de ses boys, elle draine
toute la capitale au temple de la rue de Clichy afin qu’elle s’enflamme au
rythme de ses couplets et qu’elle applaudisse au succès de sa nouvelle revue.
Evidemment,
ni la petite Annie âgée de quelques heures ni Raymonde l'heureuse maman ne
peuvent imaginer que cinquante et un ans plus tard, la grande Annie se produira
dans cette salle mythique pour une comédie musicale bien enlevée avec sans
doute un peu moins de strass et de costumes chatoyants, mais sur de jolies
musiques composées par Catherine Lara.
Si
Mistinguett triomphe, hélas pour Annie ce sera un cuisant échec.
Annie ne
connaîtra jamais son père, Auguste Heflinger, issu d’une grande famille
bourgeoise belge, car il décède alors qu'elle a deux ans. En outre, déjà marié,
il n’assumera jamais la paternité. Par contre, avec sa mère, une mère
"Courage", célibataire et sage-femme de son métier, les relations
seront pleinement fusionnelles.
Après avoir
passé sa prime jeunesse sous les bombes à Caen et attendu la fin de la guerre,
elle revient à Paris au cœur du XXème arrondissement non loin du Père Lachaise
pour y poursuivre sa scolarité au Lycée Hélène Boucher et pour s'engager par la
suite vers l'orientation maternelle souhaitée, c'est-à-dire l'obtention d'un
diplôme d'infirmière.
Malgré son
désir de lui faire plaisir, elle abandonne très tôt cette voie car elle
s'aperçoit que son aspiration est toute autre et toute trouvée : elle veut
devenir comédienne.
Elle a 18
ans, suit un premier cours chez Henri Bosc, puis s'inscrit au Centre d'art
dramatique de la rue Blanche. Ensuite, elle passe au Conservatoire dans la
classe de Henri Rollan où elle côtoie un très bon cru de futurs comédiens en la
personne de Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo et Pierre
Vernier, lesquels seront ses partenaires par la suite.
Marivaux
et Feydeau s'avèrent d'excellents anges gardiens car ils la couronnent avec un
double prix de comédie, classique et moderne.
Cela ne
l'empêche pas de se produire dans les cabarets de la rive gauche entre autres à
La Rose rouge sur la butte montmartroise, mais aussi au Lapin agile où
elle chante sous le pseudonyme d'Annie Girard, de même que de se glisser
en maillot de bain dans des sketchs complètement déjantés tel Dugudu avec
Robert Dhéry, ses Branquignols… et Michel Serrault.
En 1954,
adoubée par La Locandiera de Goldoni, l'examen de sortie qu'elle réussit
brillamment, elle quitte le Conservatoire et entre à la Comédie Française.
Elle y
reste quatre ans et aborde tout le répertoire. En 1956, la Maison de Molière
reprend La machine à écrire, la pièce de Jean Cocteau interdite par les
autorités allemandes au lendemain de sa création en 1941. Entourée par Robert
Hirsch et Lise Delamare, protégée par Cocteau, La machine à écrire constitue
indéniablement le point de départ de sa carrière.
Notons
quelques titres de cette époque : La paix chez soi due à la verve
subtile et satirique de Georges Courteline; La tour Eiffel qui tue de
Guillaume Hanoteau avec Michel de Ré et Martine Sarcey (Th. du Quartier Latin);
Les femmes savantes et Les amants magnifiques toutes deux de
Molière; Aux innocents les mains pleines d'André Maurois; L'annonce
faite à Marie de Paul Claudel, pour laquelle elle partage la scène avec
Jean-Paul Belmondo; Les misérables de Victor Hugo avec Aimé Clariond; Mademoiselle
de Jacques Deval avec Jean Marchat; etc.
Pierre
Descaves, l'administrateur-général, lui propose un sociétariat, mais un engagement
exclusif de vingt ans l'effraie. Déjà courtisée par le cinéma, Annie préfère
renoncer et garder toute sa liberté.
Une
liberté qu'elle promène immédiatement sur les routes de la francophonie grâce
aux tournées Herbert avec Une femme trop honnête, la comédie d'Armand
Salacrou.
Sa
première apparition à l'écran date de l'année précédente pour l'adaptation de Treize
à table la pièce de Marc-Gilbert Sauvajon dans laquelle elle tient le rôle d'une convive invitée au réveillon du couple Fernand Gravey - Micheline
Presle.
Alors
qu'elle est chaque soir sur la scène de l'Odéon pour La machine à écrire, elle
tourne son second film durant la journée à Monte-Carlo. Elle campe la petite
garce insolente de L'homme aux clefs d'or accusant de viol Pierre Fresnay,
un professeur sans reproche. Un rôle qui lui vaut le Prix Suzanne-Bianchetti,
quatorzième du nom.
Par la
suite, Gilles Grangier et Jean Delannoy l'associent à Jean Gabin qui émerge de
son purgatoire en venant retrouver sa place au sein du cinéma français. Annie
participe à deux polars d'honnête facture, Le rouge est mis et Maigret
tend un piège d'après Simenon.
Gabin, le
tendre bourru, sensible à son naturel, à sa sensibilité et à son côté
prolétarien, ne peut s'empêcher de la complimenter à sa façon : "Avec
elle, si vous jouez faux, elle vous rectifie la voix".
Son premier vrai succès cinématographique arrive.
Elle le
doit à l'Italie et incontestablement à
Luchino Visconti pour Rocco et ses frères.
Avec une
force et une passion peu commune, elle incarne Nadia, la jeune prostituée qui
succombe à la jalousie de son amant.
Premier
jalon important de sa carrière cinématographique autant pour elle que pour
Alain Delon et, peut-on ajouter, pour un certain Renato Salvatori, dont le
charme latin lui fait tourner la tête.
avec
Alain Delon (Rocco et ses frères)
Conclusion
logique, elle se marie le 6 janvier 1962 avec son beau Renato (son vrai prénom
étant Giuseppe) à la mairie du XVIème arrondissement, leurs témoins étant, bien
entendu Luchino Visconti, et Christian Marquand.
Dès lors,
si son cœur est bien ancré en Italie, sa carrière artistique se partage entre
Paris et Rome, ce qui ne l'empêche pas de répondre aux sollicitations venues de
Belgique, d'Allemagne, d'Espagne voire de Yougoslavie.
Quelques
interprétations fortes : celle de l'ancienne entraîneuse face au bilan de sa
vie dans La
bonne soupe de Félicien Marceau; la prostituée des milieux ouvriers vue par
Monicelli dans Les
camarades; la
femme singe enduite de miel et d'une abondante pilosité dans Le mari
de la femme à barbe, film dérangeant, comme toujours, de Marco Ferreri et dont le titre français a
toujours irrité au plus haut point Annie qui revendiquait, à raison, La
femme singe traduction de son titre italien La donna scimmia; la
barmaid esseulée de Trois chambres à Manhattan de Marcel Carné, qui lui vaut la
Coupe Volpi de la meilleure actrice au festival de
Venise; l'épouse trompée d'Yves Montand dans Vivre pour vivre de
Claude Lelouch, son ami des moments difficiles, qui lui offre grâce à ce rôle
le Prix du jury de la meilleure actrice au festival
de Mar del Plata; "Mémène", la femme de ménage impénitente bavarde de
Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause!, qui
lui permet d'entrer dans l'univers décontracté de Michel Audiard. Un Michel
Audiard, titi du quatorzième, né du côté du parc Montsouris, dont elle partage
la filiation ainsi que cette langue malicieusement teintée de gouaille qu'elle
a plaisir à servir.
Les succès s'enchaînent les uns aux autres : Mourir
d’aimer d'André Cayatte, la tragédie largement inspirée de
l'affaire Gabrielle Russier, la professeur de lettres victime d'une société de
bien-pensants hypocrites qui sera acculée au suicide; La vieille
fille, le premier long métrage de fiction du regretté Jean-Pierre
Blanc pour la solitaire et timide Muriel Bouchon, la touchante
pensionnaire de l'hôtel que tente d'apprivoiser Philippe Noiret, quadragénaire
grassouillet, échoué là par une panne de voiture. Cette Muriel engendre une
nouvelle récompense pour Annie : le Prix UNICRIT au
Festival international du cinéma de Berlin.
avec Laurent Malet (Le cœur à l'envers). dans La vieille fille de J-P Blanc.
Docteur Françoise Gailland de
Jean-Louis Bertucelli avec plus de deux millions et demi de spectateurs, l'un
de ses films les plus emblématiques dans lequel elle interprète l'émouvante
doctoresse à la réussite professionnelle exemplaire. Apparemment invulnérable,
du moins jusqu'au verdict sans appel, lorsqu'elle se sait atteinte d'un cancer
du poumon.
Incontestablement, Docteur Françoise Gailland
reste l'une de ses plus émouvantes créations avec son flot de larmes bien sûr
mais aussi avec l’enrichissement de son premier César, celui de la meilleure
actrice que lui remettent Charles Vanel et Marie-France Pisier lors de la
seconde cérémonie (en 1977).
Notons Le cœur à l’envers de Franck Apprederis pour les
retrouvailles ambiguës d'une mère et de son fils (Laurent Malet) et puis
l'enchaînement de comédies nettement plus gaies dont celles de Philippe de
Broca : Tendre poulet en commissaire de police survitaminée que l'on
retrouve pour un second volet dans On a volé la cuisse de Jupiter, un
voyage de noces mouvementé au bras de Philippe Noiret dans les décors de la
Grèce antique; La zizanie en beauté et en verve dans un feu d'artifice
agrémenté de scènes de ménage désopilantes, mais qui, contrairement à ce
qu'annonce le titre, marque une agréable rencontre professionnelle avec Louis
de Funès; La clé sur la porte où, professeur de français, elle
aborde les problèmes de la société d'aujourd'hui secondée par un admirable
Patrick Dewaere… Et, par la suite,
retour au drame avec Prisonnières, le second long métrage de
Charlotte Silvera, un huis clos dans un monde carcéral où Annie, en détenue
moucharde, impose ses lois et ses humeurs.
1980 annonce une décade d'échecs jusqu'à la mi 90. Entre
autres, des films inexploités dans l'hexagone.
Il lui faut attendre Les misérables du fidèle Lelouch
pour une résurrection qui lui vaut son second César, celui du meilleur second
rôle féminin… un énoncé qui s’accorde plutôt mal à Annie.
Alors qu'on l'annonçait comme une actrice finie,
l'Autrichien Michael Haneke lui propose le rôle de la mère castratrice,
alcoolique et violente, d'Isabelle Huppert dans La pianiste. Elle
retrouve celle qui fut sa fille, davantage préoccupée par ses flirts que ses
études, dans Docteur Françoise Gailland. Elle retrouve aussi le chemin des Césars, son
troisième… celui du meilleur second rôle féminin !
Une filmographie de plus de 120 titres. Des
succès, des échecs. Et souvent des participations suite à des coups de cœur
certains n'engendrant aucune rétribution. Elle n'en a cure et n'éprouve aucun
regret.
Peu soucieuse de sa publicité, son statut de
vedette ne lui importe guère.
Serrault qui la connaît bien a fort justement
dit d'elle : "Elle fait partie des gens qui paient comptant. On ne peut
pas jouer du bout des lèvres. Et chez Annie, il faut que ça passe par la tête
et par le cœur". On ne peut
trouver meilleure définition.
Le théâtre, sa première discipline, lui procure
d'énormes satisfactions, ne serait-ce déjà qu'avec cette pièce, ce personnage
qui lui collera à la peau, cette sœur jumelle de Madame Marguerite de
Roberto Athayde (Th. Montparnasse, 1974, plus de nombreuses tournées). Seule en
scène, devant un tableau noir, elle est cette institutrice non conventionnelle
en basket qui monologue avec ses élèves, tout à la fois spectateurs et acteurs,
auxquels avec une connivence voulue elle assène si bien les cyniques vérités de
la vie.
Le premier avril 2002, cette Madame
Marguerite reprise au Théâtre de la Gaité-Montparnasse la comble de tous
les honneurs avec l'attribution de deux Molières, celui de la meilleure
comédienne de l'année et un Molière d'honneur pour l'ensemble de sa carrière
que lui remet Alain Delon.
Mais revenons plus avant.
En novembre 1958, sur la scène du Théâtre des
Ambassadeurs, elle interprète la jeune danseuse bohême dans Deux sur la
balançoire de William Gibson, un bijou d'écriture repris pratiquement à
chaque saison. Cette année-là est celle d'Annie et de Jean Marais qui
transcendent sous la direction raffinée de cet irremplaçable aristocrate milanais
qu’est Luchino Visconti, c'est sa rencontre pré-Rocco. Une pièce forte
et un public qui en sort la gorge nouée par ce couple qui s'aime et se déchire.
Quelques fleurons encore : L'idiote, une
comédie policière de Marcel Achard qu’elle doit à l’amitié que lui
témoigne Simone Berriau, la directrice du Théâtre Antoine (1960); Après la
chute d'Arthur Miller et toujours dans une mise en scène de Visconti (Th.
du Gymnase, 1965); Marguerite et les autres, un spectacle musical nourri
d'excellents textes pour lequel elle présente, entre autres, un
numéro de trapèze (Th. Montparnasse, 1983);
L'avare de Molière en Frosine auprès d'un Michel Serrault en superbe
Harpagon (TNP de Villeurbanne et Th. Mogador, 1986); Première jeunesse
de Christian Giudicelli (Th. La Bruyère, 1987); Le roi se meurt d'Eugène
Ionesco avec Daniel Ivernel (Th. Bouffes-du-Nord et en tournée, 1988); Heldenplatz
de Thomas Bernhardt avec Guy Tréjan (Th. de la Colline, 1991), etc.
Elle s'investit physiquement et financièrement
dans des spectacles musicaux, Revue et corrigée, mis en scène par Bob
Decout, son compagnon d'alors, et cela pour la résurrection d'un Casino de
Paris non pas agonisant, mais déjà fermé depuis trois ans et voué aux
démolisseurs. Hélas, cela se termine par un échec, tant sentimental que
matériel. Il n'y aura que trente représentations… et une volée de critiques
désobligeantes voire insultantes.
Qu’allait-elle faire dans cette galère lui ont
reprochés certains ? C’est oublier ou ignorer qu’Annie avait un joli timbre de voix et
que ce n’est pas sans raison qu’elle fut souvent invitée aux émissions des
Carpentier et aux shows de Sacha Distel.
Seulement voilà, c’est bien connu, certains ne
sont jamais si heureux que lorsqu’ils assistent à l’effondrement de ce qu’ils
ont élevé au plus haut.
Il n’empêche que le Casino a rouvert et que s’il
existe encore aujourd’hui, Annie y est quand même pour quelque chose.
Pour s’acquitter de toutes ses dettes, elle sera
pourtant contrainte de vendre son havre du Marais, son appartement au cœur des
arcades de cette historique place des Vosges où vingt ans de souvenirs et
d’amours intenses s’écroulent soudain.
Impossible
évidemment d'énumérer sa théâtrographie complète, de même que toutes ses
participations télévisées.
Et précisément, à la télévision, beaucoup de
choses pas du tout inintéressantes comme : La dernière nuit de Marie Stuart
dans le rôle éponyme; Mussolini and I en Rachel, la femme du Duce
celui-ci incarné par Bob Hoskins; Front dans les nuages de Paul Vecchiali
avec Danielle Darrieux; Le vent des moissons, le feuilleton de l'été 1988 de TF1 de Jean Sagols, un
coutumier de ce genre de saga qu'elle retrouve très souvent, ici entourée de
Jacques Dufilho qui joue son frère et de Gérard Klein. Son rôle de fermière, de
maîtresse femme lui vaut le 7 d'Or de la meilleure comédienne. Et l'une de ses dernières prestations : La petite Fadette
d'après George Sand, etc.
De Giulia née en juillet 1962 à Rome, elle a deux
petits-enfants : Lola née en 1986 et Renato né en 1993.
On lui doit trois livres de souvenirs "Vivre
d'aimer" (Ed. Robert Laffont, 1989) et quatre ans plus tard chez le même
éditeur "Ma vie contre la tienne" en hommage à sa mère qu'elle
chérissait énormément, puis enfin "Partir, revenir" (Ed. Cherche-Midi,
2003).
Le 20 septembre 2006, son avocat rend la
nouvelle officielle, Annie est atteinte de la plus grande humiliation que peut
connaître une comédienne : la maladie d'Alzheimer qui touche aujourd'hui près
d'un million de personnes en France.
Deux ans après, elle doit quitter son dernier
domicile, son petit appartement situé à deux cents mètres de son inoubliable
place des Vosges et entrer dans une maison médicalisée du XIXème
arrondissement.
Elle y est toujours.
Ailleurs… perdue dans Dieu sait quels songes.
Evidemment, on ne peut aussi s'empêcher de penser à ce 2
mars 1996…
A cette 21ème cérémonie des Césars lorsque Valéria
Bruni-Tedeschi lui remet le César du second rôle pour sa magistrale composition
de la Thénardier des Misérables de Claude Lelouch. Un César sur lequel coulent des larmes
qu'elle ne peut refréner alors que le public tout entier du Théâtre des
Champs-Elysées lui offre une standing ovation qui n'en finit plus, une standing
ovation certainement spontanée et sincère tant elle est amplement méritée.
Et des larmes que l'on ne peut oublier.
Ainsi que ce cri blessé après dix ans d'absence, cet aveu
qui fait mal, affreusement mal : "Ça fait tellement longtemps… Je ne
sais pas si j'ai manqué au cinéma français, mais, à moi, le cinéma a manqué
follement, éperdument, douloureusement. Votre témoignage et votre amour me font
penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas tout à fait
morte".
Aujourd'hui, Annie, le cinéma est privé de ton talent et
nous devons vivre de souvenirs. Heureusement, tu nous en laisses tant et tant.
A chacun ses images, mais en cette minute, en flash back,
pourquoi est-ce celle de la petite Muriel Bouchon au sourire triste et
apeuré tantôt sur la petite plage de Cassis tantôt consignée dans sa chambre d'hôtel
qui nous apparaît et à laquelle se juxtapose celle de l'épouse bafouée mais
combien digne de Vivre pour Vivre.
Vivre
pour vivre…
Ta
profession de foi.
Annie, des
actrices de ta classe ne se remplacent pas.
Alors,
oui, aujourd'hui, tu nous manques.
Terriblement.
FILMOGRAPHIE
1955 Treize à table, d'André Hunebelle, avec
Fernand Gravey.
1956 L’homme aux clefs d’or, de Léo Joannon, avec
Pierre Fresnay.
Le pays d’où je viens, de Marcel
Carné, avec Gilbert Bécaud.
Reproduction interdite, de Gilles Grangier,
avec Michel Auclair.
1957 Le rouge est mis, de Gilles Grangier, avec
Jean Gabin.
L’amour
est en jeu / Ma femme, mon gosse et moi, de Marc Allégret, avec Robert
Lamoureux.
1958 Le désert de Pigalle, de Léo Joannon, avec
Pierre Trabaud.
Maigret
tend un piège, de Jean Delannoy, avec Jean Gabin.
1959 La corde raide, de Jean-Charles Dudrumet,
avec François Périer.
Recours
en grâce, de Laslo Benedek, avec Raf Vallone.
1960 La Française et l’amour, sketch
"Le divorce" de Christian-Jaque, avec François
Périer.
Rocco i suoi fratelli / Rocco et ses
frères, de Luchino Visconti, avec Alain Delon.
1961 Les amours célèbres, sketch "Les
comédiennes" de Michel Boisrond, avec Edwige
Feuillère.
Le
rendez-vous, de Jean Delannoy, avec Jean-Claude Pascal.
121
rue Blanche à Paris, de Quinto Albicocco, avec Robert Manuel, narration.
Le bateau d’Emile, de Denys
de La Patellière, avec Lino Ventura.
La
proie pour l’ombre, d'Alexandre Astruc, avec Daniel Gélin.
Smog, de Franco Rossi, avec Renato Salvatori.
1962
Le crime ne paie pas, sketch
"L'affaire Fenayrou" de Gérard Oury, avec Pierre
Brasseur.
Le
vice et la vertu, de Roger Vadim, avec Catherine Deneuve.
1963 La bonne soupe, de Robert Thomas, avec
Jean-Claude Brialy.
I compagni / Les camarades, de Mario
Monicelli, avec Marcello Mastroianni.
Il
giorno più corto / Le jour le plus court, de
Sergio Corbucci, avec Ugo Tognazzi.
I
fuorilegge del matrimonio / Les hors-la-loi du mariage, de
Paolo Taviani, Vittorio
Taviani et Valentino Orsini, avec
Romolo Valli.
L’autre femme, de François Villiers, avec Alida Valli.
1964 La donna
scimmia / Le mari de la femme à barbe, de Marco Ferreri, avec Ugo Tognazzi.
Una
voglia da morire, de Duccio Tessari, avec Raf Vallone.
Guerre
secrète, de Terence Young, avec Bourvil.
Le
belle famiglie / Les belles familles, de Ugo Gregoretti, avec Totò.
La
ragazza in prestito / Une femme disponible, d'Alfredo Giannetti, avec Rossano
Brazzi.
Déclic et… des claques, de Philippe
Clair, avec Darry Cowl.
1965 Un monsieur de compagnie, de Philippe de
Broca, avec Jean-Pierre Cassel.
Trois
chambres à Manhattan, de Marcel Carné, avec Maurice Ronet.
1966 L’or du duc, de Jacques Baratier, avec Claude
Rich.
Le
streghe / Les sorcières, sketch "La strega bruciata / La sorcière
brûlée vive", de
Luchino Visconti, avec Silvana
Mangano.
1967 Vivre pour vivre, de Claude Lelouch, avec
Yves Montand.
Zhurnalist
/ Le journaliste, de Sergei Gerasimov, avec Ivan Lapikov.
Bice
skoro propast sveta / Il pleut dans mon village, d'Aleksandar Petrovic, avec
Ranko Bradic.
1968 Les gauloises bleues, de Michel Cournot, avec
Bruno Cremer.
Storia
di una donna / Histoire d’une femme, de Leonardo Bercovici, avec Robert Stack.
La vie, l’amour, la mort, de Claude
Lelouch, avec Amidou, simple apparition.
La
bande à Bonnot, de Philippe Fourastié, avec Jacques Brel.
Erotissimo,
de Gérard Pirès, avec Jean Yanne.
1969 Elle boit pas, elle fume pas, elle drague
pas, mais… elle cause!, de Michel Audiard, avec
Bernard Blier.
Dillinger è morto / Dillinger est
mort, de Marco Ferreri, avec Michel Piccoli.
Metti
una sera a cena / Disons un soir à dîner, de Giuseppe Patroni Griffi, avec
Jean-
Louis Trintignant.
Il
seme dell’uomo / La semence de l’homme, de Marco Ferreri, avec Anne Wiazemsky.
Un
homme qui me plaît, de Claude Lelouch, avec Jean-Paul Belmondo.
1970 Clair de terre, de Guy Gilles, avec Edwige
Feuillère.
Les
novices, de Guy Casaril, avec Brigitte Bardot.
Mourir d’aimer, d'André Cayatte, avec
Bruno Pradal.
1971 La vieille fille, de Jean-Pierre Blanc, avec
Philippe Noiret.
La
mandarine, d'Edouard Molinaro, avec Philippe Noiret.
Les
feux de la chandeleur, de Serge Korber, avec Jean Rochefort.
1972 Elle cause plus… elle flingue, de Michel
Audiard, avec Bernard Blier.
Il
n’y a pas de fumée sans feu, d'André Cayatte, avec Bernard Fresson.
Traitement
de choc, d'Alain Jessua, avec Alain Delon.
1973 Juliette et Juliette, de Remo Forlani, avec
Marlène Jobert.
Ursule
et Grelu, de Serge Korber, avec Bernard Fresson.
1974 La gifle, de Claude Pinoteau, avec Lino
Ventura.
Il
faut vivre dangereusement, de Claude Makowski, avec Claude Brasseur.
Il
sospetto / Le soupçon, de Francesco Maselli, avec Gian Maria Volonté.
1975 Le gitan, de José Giovanni, avec Alain Delon.
D’amour et d’eau fraîche, de Jean-Pierre Blanc, avec Miou-Miou.
Il
pleut sur Santiago, de Helvio Soto, avec Laurent Terzieff.
Docteur
Françoise Gailland, de Jean-Louis Bertucelli, avec François
Périer.
1976 Cours après moi que je t’attrape, de Robert
Pouret, avec Jean-Pierre Marielle.
À
chacun son enfer, d'André Cayatte, avec Bernard Fresson.
Le
dernier baiser, de Dolorès Grassian, avec Bernard Fresson.
1977 Jambon d’Ardenne, de Benoît Lamy, avec
Christian Barbier.
Tendre
poulet, de Philippe de Broca, avec Philippe Noiret.
La
zizanie, de Claude Zidi, avec Louis de Funès.
Le
point de mire, de Jean-Claude Tramont, avec Jacques Dutronc.
L’ingorgo
/ Le grand embouteillage, de Luigi Comencini, avec Albert Sordi.
1978 Vas-y maman!, de Nicole de Buron, avec Pierre
Mondy.
La
clé sur la porte, de Yves Boisset, avec Patrick Dewaere.
Le
cavaleur, de Philippe de Broca, avec Jean Rochefort.
L’amour
en question, d'André Cayatte, avec Michel Auclair.
1979 Cause toujours…. tu m’intéresses!, d'Edouard
Molinaro, avec Jean-Pierre Marielle.
Bobo
Jacco, de Walter Bal, avec Laurent Malet.
1980 Le cœur à l’envers, de Franck Apprederis,
avec Laurent Malet.
On
a volé la cuisse de Jupiter, de Philippe de Broca, avec Philippe Noiret.
All
night long / La vie en mauve, de Jean-Claude Tramont, avec Gene Hackman.
1981 La vie continue, de Moshe Mizrahi, Jean-Pierre Cassel.
La
revanche, de Benoît Lamy, avec Victor Lanoux.
Une
robe noire pour un tueur, de José Giovanni, avec Claude Brasseur.
1984 Liste noire, d'Alain Bonnot, avec François
Marthouret.
Souvenirs,
souvenirs, d'Ariel Zeitoun, avec Christophe Malavoy.
1985 Partir, revenir, de Claude Lelouch, avec Michel Piccoli.
Adieu
Blaireau, de Bob Decout, avec Philippe Léotard.
1987 Dear
America, letters du Viêt-Nam, documentaire de Bill Couturié, seulement voix
pour la version française.
Prisonnières,
de Charlotte Silvera, avec Marie-Christine Barrault.
1988 Cinq jours en juin, de Michel Legrand, avec
Sabine Azéma.
Ruf
/ Ruth, de Valeri Akhadov, avec Aleksei Petrenko.
1989 Comédie d’amour, de Jean-Pierre Rawson, avec
Michel Serrault.
Il
y a des jours… et des lunes, de Claude Lelouch, avec Gérard Lanvin.
1990 Faccia di lepre, de Liliana Ginanneschi, avec
Franco Branciaroli.
Merci
la vie, de Bertrand Blier, avec Anouk Grinberg.
1991 Toujours seuls, de Gérard Mordillat, avec
Zabou.
1992 Portagli i miei saluti – Avenzi di galera, de
Gianna Maria Garbelli et Alessandro Bader,
avec Stéphane Ferrara.
Alibi
perfetto, d'Aldo Lado, avec
Philippe Leroy.
1993 Les braqueuses, de Jean-Paul Salomé, avec
Catherine Jacob.
1994 Les misérables / Les misérables du vingtième
siècle, de Claude Lelouch, avec Michel
Boujenah.
1995 Les Bidochon, de Serge Korber, avec Anémone.
1996 L’âge de braise, de Jacques Leduc, avec France
Castel.
1997 Préférence / La préférence, de Grégoire
Delacourt, avec Jean-Marc Barr.
1999 T’aime, de Patrick Sébastien, avec Myriam
Boyer.
2000 Ainsi soit nous, court métrage de Nathalie
Toque, avec Jean-Marc Thibault.
La
pianiste, de Michael Haneke, avec Isabelle Huppert.
Ceci
est mon corps, de Rodolphe Marconi, avec Jane Birkin.
2001 Des fleurs pour Irma, court métrage d'Eric
Lacroix, avec Philippe Lehembre.
Visconti / The life
and times of count Luchino Visconti, documentaire d'Adam Low,
simple
participation.
Epsteins
nacht, d'Urs Egger, avec Mario Adorf.
2002 La prophétie des grenouilles, dessin animé de
Jacques-Rémy Girerd, voix de l'éléphante.
2004 Je préfère qu’on reste amis, d'Olivier Nakache
et Eric Toledano, avec Jean-Paul Rouve.
Caché, de Michael Haneke, avec Daniel Auteuil.
2005 Le temps des porte-plumes, de Daniel Duval,
avec Jean-Paul Rouve.
2006 C'est beau une ville la nuit, de Richard
Bohringer, avec Romane Bohringer.
2007 Boxes, de Jane Birkin, avec Géraldine
Chaplin.
2008 Christian, de et avec Elisabeth Löchen.
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Yvan Foucart (Dictionnaire des comédiens
français) - 11 février 2009
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strictement interdite)