Acteur italien, frère de Mario.
Biographie :
Enfant de la balle, comme son frère cadet Mario, lui
aussi acteur célèbre du cinéma italien, Memmo débute d’abord au théâtre dans le
répertoire dialectal romain et y restera de nombreuses années. Son arrivée au
cinéma est fort tardive lorsqu'il interprète un petit rôle dans la “Tosca” de
Carl Koch en 1940, d’après la pièce de Victorien Sardou, où il est “le coiffeur
de la reine de Naples”, rôle tenu par Olga Vittoria Gentilli. Il a alors 32
ans. Pour ce film, il aura comme assistant réalisateur....Luchino Visconti.
Après un rôle mineur dans le “Voleur de bicyclette”,
Vittorio De Sica l’emploie aussitôt dans son film suivant “Umberto D” (1952)
mais en lui donnant un rôle plus consistant, voire délicat. Dans cette chambre
d’hôpital, où il a pour seul compagnon un vieil homme, il a su bien placer sur
son visage le masque un peu dur de la comédie qui laisse cependant
transparaître un coeur tendre et la bonhomie de l’homme du peuple. Sa voix rauque,
plutôt rocailleuse (en version originale), séduit le public qui la retrouvera
tout au long de sa carrière.
Mais il aura fallu que cet acteur fasse 66
apparitions dans une foule de films souvent ineptes avant d’arriver lui aussi
au film culte de Monicelli «Le Pigeon» qui le révèlera comme la plupart des
acteurs de ce film (Carlo Pisacane, Carla Gravina, Tiberio Murgia, Renato Salvatori).
Ses amis l’avaient d’ailleurs affectueusement surnommé “Fantômas”, en raison de
ses fulgurantes et brèves apparitions dans tous les films auxquels il avait
participé jusque-là.
Mais comment rester insensible, lorsqu’on le voit en
voleur maladroit dans le bureau du juge, (Le Pigeon) rayonnant d’une comédie
parfaitement téléphonée et incapable de séduire le magistrat amusé, mais
incrédule.
Après ce succès, Memmo va devenir un extraordinaire
acteur de genre voire de composition. Il sera un faux prêtre portant
soutane dans “Les trois voleurs” (1954) aux côtés de Jean-Claude Pascal et Totò,
ce qui lui vaudra d’ailleurs des problèmes avec la censure qui n’appréciera
guère ce déguisement “religieux” devant une jeune Simone Simon trop légèrement
vêtue.
Il devient rapidement une présence essentielle du
cinéma des années 50 par son expression irrésistible de l’ironie romaine et,
cette image de “dur au coeur tendre” va séduire bien des réalisateurs
spécialistes de la comédie. Zampa, Emmer, Monicelli mais aussi Dino Risi qui
saura bien traduire cette expression unique du gouailleur plein d’humanité dans
son excellent film “Belle ma povere” (Belles mais pauvres, 1957).
Dans “La banda degli onesti” (La bandes des honnêtes,
1956) il interprète le rôle du portier recommandé par le riche mais corrompu
Casoria tandis qu’il est “Quirino, l’ami expert” de Mastroianni dans “Le
bigame” de Luciano Emmer. Il est indubitable que Memmo Carotenuto a tenu ses
meilleurs rôles pendant la période néoréaliste dans laquelle il eut comme
partenaires des acteurs et actrices en vogue comme Gassman, Lollobrigida, De
Sica, De Filippo, tous spécialistes de la comédie romaine ou napolitaine.
Comme l’a fait justement remarquer le critique
Giacovelli, par rapport à son frère Mario, Memmo avait un tempérament beaucoup
plus proche du peuple. Il se sentait une âme de prolétaire qui coïncidait
parfaitement avec le cinéma des années 1950 lequel, rappelons-le, s’évertuait à
montrer une société italienne d’après guerre pauvre et sans devenir, sans
horizon et luttant quotidiennement pour la vie.
Par la suite, L. Zampa, D. Risi et M. Monicelli
firent encore appel à lui pour lui confier quelques rôles intéressants mais
après les années 1960 l’acteur, si pétulant dans le registre traditionnel, se
perdit un peu dans les films de chez Roland, Polselli, Maurassi, Taranto, (mais
l’on sauvera volontiers «Gli onoverole» de Corbucci) bien loin de la satire
comique typiquement romaine et dans laquelle il a si aisément évolué, avec
cette désinvolture qui lui était propre.
En définitive, on se demande si le néoréalisme ne lui
a permis de sauver les apparences par le jeu de la dérision face à la misère.
Une image dans laquelle les italiens de l’époque se reconnaissaient
parfaitement.
Filmographie :
1940 -
La Tosca de Carl Koch avec Imperio Argentina
1947 -
Il passatore (Le passeur) de Duilio Coletti avec Romano Brazzi
1948 -
Ladri de biciclette (Le voleur de bicyclette) de Vittorio De Sica avec
Lamberto Maggiorani
1949 -
Nerone e Messalina (Néron, tyran de Rome) de Primo Zeglio avec Gino
Cervi
1952 -
Umberto D. de Vittorio De Sica avec Maria Pia Casilio
1952 -
La prigioniera della torre di fuoco (La prisonnière de la tour de feu)
de Giorgio-W. Chili avec Romano Brazzi
1952 -
Processo contro ignoti (C’est la faute au grisbi) de Guido brignone avec
Cesare Danova
1953 -
La domenica della buona gente (Le dimanche des bonnes gens) d’Anton
Giulio Majano avec Sophia Loren
1953 - Pane, amore e fantasia (Pain, amour et fantaisie) de Luigi Comencini avec Marisa Merlini
1953 - Donne proibite (Femmes damnées) de Giuseppe Amato avec Carlo Dapporto
1953 -
Prima di sera de Piero Tellini avec Paolo Stoppa
1953 -
Stazione termini (Station terminus) de Vittorio De Sica avec Paolo
Stoppa
1953 -
Via Padova 46 - Lo scocciatore de Giorgio Bianchi avec Peppino De
Filippo
1953 -
Piovuto dal cielo (Voleur malgré lui) de Leonardo De Mitri avec Renato
Rascel
1954 -
Ripudiata (Le destin d’une mère) Giorgio-W. Chili avec Alberto Farnese
1954 -
Sei ore di tempo de Silvio Laurenti Rosa avec Ariane Dhay
1954 - I tre ladri (Les trois voleurs) de Lionello De Felice avec Totò
1954 -
Casa Ricordi (La maison du souvenir) de Carmine Gallone avec Paolo
Stoppa
1954 -
Pane, amore e gelosia (Pain, amour et jalousie) de Luigi Comencini avec
Vittorio De Sica
1954 -
Il forzato della guiana (Chéri-bibi) de Marcello Pagliero avec Jean
Richard
1954 -
Allegro squadrone (Les gaietés de l’escadron) de Paolo Moffa avec
Vittorio De Sica
1954 -
Le vacanze de sor Clemente de Camillo Mastrocinque avec Virgilio Riento
1954 - Tempi nostri - Zibaldone N 2 (Quelques pas dans la vie) d’Alessandro Blasetti avec Totò
1955 -
Don Camillo e l’onorevole Peppone (La grande bagarre de Don Camillo) de
Carmine Gallone avec Fernandel
1955 -
Piccola posta de Steno avec Paolo Stoppa
1955 -
Peccato che sia una canaglia (Dommage que tu sois une canaille) d’Alessandro
Blasetti avec Vittorio De Sica
1955 - La ladra (Les Anges aux mains
noires) de Mario Bonnard avec Fausto Tozzi
1955 -
Accadde al penitenziario de Giorgio Bianchi avec Peppino De Filippo
1955 -
Bella non piangere de David Carbonari avec Ettore Manni
1955 -
Gli ultimi cinque minuti (Les cinq dernières minutes) de Giuseppe Amato
avec Vittorio De Sica
1955 -
Addio sogni di gloria (L’affaire Mirella) de Giuseppe Vari avec Ettore
Manni
1955 -
I giorni più belli (Nos plus belles années) de Mario Mattoli avec Franco
Interlenghi
1956 -
Il Bigamo (Le bigame) Luciano Emmer avec Marcello Mastroianni
1956 -
Mio figlio Nerone (Les week-end de Néron) de Steno avec Alberto Sordi
1956 -
Due sosia in allegria (Deux joyeux sosies) d’Ignazio Ferronetti avec
Scilala Gabel
1956 -
Poveri ma belli (Pauvres mais beaux) de Dino Risi avec Virgilio Riento
1956 -
La banda degli onesti (La bande des honnêtes) de Camillo Mastrocinque
avec Totò
1956 -
Terrore sulla città (Terreur sur Rome) de Anton-giulio Majano avec
Andrea Checchi
1956 -
Il momento più bello (Le moment le plus beau) de Luciano Emmer avec
Marcello Mastroianni
1956 -
Guardia, Guardia scelta, Brigadiere et Maresciallo de Mauro Bolognini
avec Peppino De Filippo
1956 -
Tempo di villeggiatura (Amours de vacances) d’Antonio Racioppi avec
Vittorio De Sica
1956 -
La fortuna di essere donna (La chance d’être une femme) d‘Alessandro
Blasetti avec Charles Boyer
1956 -
Totò, Peppino e i fuorilegge de Camillo Mastrocinque avec Totò
1956 -
Solo Dio mi fermerà (Seul Dieu m’arrêtera) de Renato Ploselli avec
Gérard Landry
1957 -
Il sole tornerà de Fernando Merino avec Nilla Pizzi
1957 - A Farewell to Arms (L’adieu aux
armes) de Charles Vidor avec Rock Hudson
1957 -
Parola di ladri (Paroles de voleurs) de Nanni Loy et Gianni Puccini avec
Gabriele Ferzetti
1957 -
Padri e figli (Pères et fils) de Mario Monicelli avec Antonella Lualdi
1957 - Belle ma povere (Belles mais pauvres) de Dino Risi avec Lorella De Luca
1957 -
Classe di ferro de Turi Vasile avec Renato Salvatori
1957 -
Il cocco di mamma (Le chouchou à maman) de Mauro Morassi avec Maurizio
Arena
1957 -
I dritti de Mario Amendola avec Valeria Moriconi
1957 -
A vent’anni è sempre festa de Vittorio Duse avec Luisa Rivelli
1957 -
Mattino di primavera (Un matin de printemps) de Giacinto Solito avec
Andrea Checchi
1957 -
Benvenuto, onorevole! Gente felice de Mino Loy avec Riccardo Billi
1957 -
La canzone più bella (La plus belle chanson) de Ottorino Franco
Bertolini avec Emilio Pericolo
1958 -
Le dritte de Mario Amendola avec Monica Vitti
1958 -
Un amore senza fine (Un amour sans fin) de Luis Knaut avec Alberto
Farnese
1958 -
Ragazzi della marina (Les gars de la marine) de Francesco De Robertis
avec Lyla Rocco
1958 -
Poveri milionari (Pauvres millionnaires) de Dino Risi avec Sylva Koscina
1958 -
Gagliardi e pupe de Roberto Bianchi Montero avec Renato Baldini
1958 -
Io, mammeta e tu de Carlo Ludovico Bragaglia avec Marisa Merlini
1958 -
Mariti in città de Luigi Comencini avec Nino Taranto
1958 -
Tutti innamoreti (Tous amoureux) de Giuseppe Orlandini avec Gabriele
Ferzetti
1958 -
Ladro lui, ladra lei de Luigi Zampa avec Ettore manni
1958 -
Totò a
Parigi
(Parisien malgré lui) de Camillo Mastrocinque avec Totò
1958 -
I soliti ignoti (Le pigeon) de Mario Monicelli avec Claudia Cardinale
1958 -
E permesso Maresciallo? - Tuppe, tuppe, Marescià? de Carlo Ludovico
Bragaglia avec Peppino De Filippo
1958 -
Totò e Marcellino (Mon gosse) de Antonio Musu avec Totò
1958 - E arrivata la parigina (L’homme, la
femme et le désir) de Camillo Mastrocinque avec Jorge Mistral
1958 - Zoras il ribelle de José Luis Saenz de Heredia avec Milly Vitale
1958 -
Via col...paravento de Mario Costa avec Maurizio Arena
1958 -
L’uomo dai calzoni corti - L’amore più bello de Glauco Pellegrini avec
Eduardo De Filippo
1958 -
Totò et Marcellino d’Antonio Musu avec Totò, Memmo Carotenuto, Pablito
Calvo, Fanfulla, Wandisa Guida
1958 -
Susanna tutta panna de Steno avec Ettore Manni
1958 -
Gambe d’oro de Turi Vasile avec Totò
1958 -
Totò a Parigi (Totò à Paris) de Camillo Mastrocinque avec Totò
1959 -
Ferdinando I re di Napoli (Ferdinand 1er roi de Naples) de Gianni
Franciolini avec Eduardo De Filippo
1959 -
Agosto, donne mie non vi conosco de Guido Malatesta avec Gabriele Tinti
1959 -
Il nemico di mia moglie - Il marito bello de Gianni Puccini avec
Vittorio De Sica
1959 - Le sorprese dell’amore (Les
surprises de l’amour) de Luigi Comencini avec Walter Chiari
1959 -
Spavaldi e innamorati (Fanfarons et amoureux) de Giuseppe Vari avec
Massimo Girotti
1959 -
Lazarillo di Tormes de César Fernandez Ardavín avec Marco Paoletti, Juan
José Menéndez, Carlos Casavilla
1959 -
Le notti di Teddy Boys de Leopoldo Savona avec Massimo Girotti
1959 -
La pica sul Pacifico de Roberto Bianchi Montero avec Ugo Tognazzi
1959 -
Cocagne de Maurice Cloche avec Roberto Risso
1959 - Le confident de ces dames de Jean Boyer, Jean Manse et Serge Veber avec Fernandel
1960 -
An einem Freitag um halb zwölf (Vendredi treize heures) d’Alvin Rakoff
avec Rod Steiger
1960 -
Le ambiziose (Les ambitieux) de Tony Amendola avec Marisa Merlini
1960 -
Il principe fusto de Maurizio Arena avec Lorella De Luca
1960 -
I piacere dello scapolo de Giulio Petroni avec Gina Rovere
1960 -
Mariti in pericolo (Maris en danger) Mauro Morassi avec Sylva Koscina
1961 -
Rocco e le sorelle (Rocco et ses soeurs) de Giorgio Simonelli avec Tiberio
Murgia
1961 -
Akiko de Luigi Filippo D'Amico avec Marisa Merlini
1962 - Nerone '71 de Filippo Walter Ratti avec Marisa Merlini
1962 - Il segugio (Le Limier - Accroche toi, y a du vent!) de Bernard Roland avec Nino Taranto
1963 -
Avventura al motel de Renato Polselli avec Gino Cervi
1963 -
Napoleone a Firenze (Napoléon à Florence) de Piero Pierotti avec Narciso
Parigi
1963 -
Gli onorevoli de Sergio Corbucci avec Peppino De Filippo
1964 -
Se vincessi cento milioni de Carlo Moscovini avec Milly Vitale
1964 -
La ballata dei mariti de Fabrizio Taglioni avec Marisa Del Frate
1965 - ...Poi ti sposero (Un monsieur de
compagnie) de Philippe De Broca avec Catherine Deneuve
1970 -
Casanova 70 de Mario Monicelli avec Enrico Maria Salerno
1971 -
Riuscirà l’avvocato Franco Benenato a sconfiggere il suo acerrimo nemico il
pretore ciccio de ingras?
de Mino Guerrini avec Francesco Mulè
1971 -
I due della formula uno alla corsa più pazza del mondo d’Osvaldo
Civirani avec Umberto D'Orsi
1973 -
La polizia è al servizio del cittadino (La police au service du citoyen)
de Romolo Guerrieri
avec Enrico Maria Salerno
1974 -
Di tressette ce n’è uno, tutti gli altri son nessuno de Giuliano
Carnimeo avec George Hilton
1974 -
Furto di sera bel colpo si spera de Mariano Laurenti avec Aldo Giuffré
1976 -
San Pasquale Baylonne, protettore delle donne de Luigi Filippo D'Amico
avec Stella Carnacina
1977 -
Grazie tante - Arrivederci! (Merci ma tante, j’arrive!) de Mauro Ivaldi
avec Vittorio Caprioli
1980 - Amore in prima classe (L’amour en première classe) de Salvatore Samperi avec Enrico Montesano
© Louis AUBERT pour Les Gens du Cinéma (mise à jour 05/11/2006)