Née le 13 septembre 1927 à Reggio di
Calabria, Italie.
Décédée le 4 janvier 2009 à Sutri, Italie.
ACTRICE
BIOGRAPHIE :
Splendide brune aux yeux verts et au profil de
médaille, Gianna Maria Canale se fait remarquer à vingt ans lors du concours de
Miss Italia 1947 organisé à Stresa, où elle emporte la deuxième place derrière
Lucia Bosè et devant Gina Lollobrigida. Le cinéma ouvre bientôt ses portes à
cette jeune calabraise dont la beauté sophistiquée et extrêmement photogénique
n’est pas sans rappeler celle d’Ava Gardner, à laquelle on la compare souvent
dès cette époque. Quarante ans après la fin de leur liaison, Riccardo Freda
(dans Riccardo Freda, un pirate à la caméra, entretiens avec Eric
Poindron, Actes Sud, 1995) relatait encore avec émotion l’éblouissement de sa
rencontre de hasard avec elle dans une rue de Rome, en rapportant qu’alors les
gens s’arrêtaient de manger dès qu’elle entrait dans un restaurant.
Devenue sa compagne, elle tourne tous ses premiers
films sous sa direction, le suivant jusqu’au Brésil pour Guarany (1948)
et O Cacoulha do Barulho (1949). Très vite, elle s’impose comme
protagoniste des fumetti qui fleurissent en Italie en marge du
néoréalisme : comédie (Totò le Mokò, 1949), mélodrame (La
leggenda del Piave, 1952) et film historique (Spartaco, Spartacus,
1952). C’est dans ce genre qu’elle est bientôt le plus demandée, son visage
racé étant particulièrement adapté à ces rôles – on invoque d’ailleurs une
ascendance grecque à sa famille. Elle campe successivement Pauline Borghèse
dans le Napoléon de Sacha Guitry (1954), la reine des amazones dans Le
fatiche di Ercole (Les travaux d’Hercule, 1957), Armide de La
Gerusalemme liberata (La muraille de feu, 1957) et surtout Théodora dans Teodora,
imperatrice di Bisanzio (Théodora, impératrice de Byzance, 1953) où, de la
courtisane dansant dans les tavernes à la digne épouse de Justinien (Georges
Marchal), elle est, magnifiée par une superbe photographie en couleurs, une
impératrice convaincante et terriblement séduisante.
Sans véritablement tenter de carrière internationale,
Gianna Maria Canale fait une incursion dans le cinéma américain (Go for
Broke !,
1952) et britannique, mais dans des rôles de peu d’envergure. Les coproductions
transalpines lui font un meilleur accueil (Alerte au Sud, 1953 ; Madame
du Barry, 1954 ; La châtelaine du Liban, 1956). Mais c’est
encore Freda qui lui offre avec I vampiri (Les vampires, 1956), leur
treizième et dernière collaboration, son rôle le plus étonnant. Dans ce célèbre
premier film d’épouvante à l’italienne elle incarne la duchesse Marguerite du Grand, vieille femme rajeunie par la transfusion de sang
de jeunes filles. Du fabuleux décor de son château gothique en plein cœur de
Paris (en réalité construit par Beni Montresor dans les studios romains de la
Titanus) aux séquences de son vieillissement, opérées grâce à un système de
filtres sur la caméra par l’astucieux Mario Bava, le film est un somptueux
écrin à la gloire de l’actrice. Dans aucune autre de ses œuvres Freda ne s’est
fait à ce point le Pygmalion de sa compagne, la
vieillissant ici avec un plaisir évident pour mieux mettre en valeur, l’instant
d’après, sa beauté solitaire et glacée.
Après sa séparation d’avec Freda, la Canale enchaîne
encore quelques rôles de reines antiques ou exotiques, avec le même magnétisme
mais, semble-t-il, moins de conviction. Puis, l’âge venant, elle choisit de
mettre un terme définitif à sa carrière en 1964, à tout juste trente-sept ans.
Comme par un dédoublement singulier de son rôle de I vampiri, elle n’a
jamais reparu depuis ce moment, n’accordant ni interviews ni photographies. Le
mystère qui l’entoure est si complet qu’il est régulièrement alimenté de
rumeurs a priori fantaisistes, comme celle qui voudrait qu’elle ait été
défigurée dans un accident de voiture. On entend citer son patronyme depuis
quelques années par le biais de sa propre nièce, Alessandra Canale,
présentatrice vedette de la RAI, mais sans en apprendre davantage sur elle.
Gianna Maria Canale, fascinante actrice du cinéma de genre italien, a ainsi
trouvé, plus sûrement que la duchesse du Grand, le secret de l’éternelle
jeunesse.
© Geoffroy CAILLET pour Les Gens du Cinéma
FILMOGRAPHIE :
1946 o Aquila Nera (L’aigle noir) de Riccardo Freda
avec Rossano Brazzi
1948 o Il cavaliere misterioso (Le chevalier mystérieux) de Riccardo Freda
avec Vittorio Gassman
o Guarany de Riccardo Freda
avec
Antonio Vilar
1949 o O Cacoulha do
Barulho de Riccardo Freda
avec Oscarito
o Il bacio di una morta de Guido Brignone
avec Virginia Belmont
o Il conte Ugolino de Riccardo Freda
avec Carlo Ninchi
o Totò le Mokò de Carlo Ludovico Bragaglia
avec Totò
1950 o Il figlio di d’Artagnan (Le fils de d’Artagnan) de Riccardo Freda
avec Piero Palermini
1951 o Il tradimento/Passato che uccide (Trahison) de Riccardo Freda
avec Amedeo Nazzari
o La vendetta di Aquila Nera (La vengeance de l’Aigle noir) de Riccardo Freda
avec Rossano Brazzi
o Vedi Napoli… e poi muori/Perfido ricatto (Le passé d’une mère) de Riccardo Freda
avec Renato Baldini
o L’eterna catena (L’ange du péché) de Anton Giulio Majano
avec Marcello Mastroianni
1952 o Go for Broke! (Tout ou rien) de Robert Pirosh
avec Van Johnson
o La leggenda del Piave (Chantage) de Riccardo Freda
avec Carlo Giustini
o Spartaco, Il gladiatore della Tracia (Spartacus) de Riccardo Freda
avec Massimo Girotti
1953 o Dramma nella Kasbah (Missione ad
Algeri) / The Man from Cairo
(Le secret de la casbah) de Edoardo Anton et Ray Enright
avec George Raft
o Teodora, imperatrice di Bisanzio (Théodora, impératrice de Byzance) de Riccardo Freda
avec Georges Marchal
o Alerte au sud de Jean Devaivre
avec Erich von Stroheim
1954 o Madame du Barry de Christian-Jaque
avec Martine Carol
o L’ombra (Le serment d’une mère / Le fils de l'autre) de Giorgio Bianchi
avec Marta Toren
o Napoléon de Sacha Guitry
avec Daniel Gélin
1955 o Il coraggio de Domenico Paolella
avec Totò
o Donne sole (Femme seule) de Vittorio Sala
avec Eleonora Rossi Drago
1956 o La châtelaine du Liban de Richard Pottier
avec Jean-Claude Pascal
o Le schiave di Cartagine (Sous le signe de la croix / L'esclave de Carthage) de Guido Brignone
avec Jorge Mistral
o I vampiri (Les vampires) de Riccardo Freda
1957 o Le fatiche di Ercole (Les travaux d’Hercule) de Pietro Francisci
avec Steve Reeves
o La Gerusalemme liberata (La muraille de feu) de Carlo Ludovico Bragaglia
avec Francisco Rabal
o Il
corsaro della Mezza Luna (La belle et le corsaire) de Giuseppe Maria Scotese
avec John Derek
o The Whole Truth (Le crime était signé / Le crime ne paye pas) de John Guillermin et Dan Cohen
avec Stewart Granger
o La rivolta dei gladiatori (La révolte des gladiateurs) de Vittorio Cottafavi
avec Georges Marchal
1959 o I cavalieri del diavolo (Le cavalier à l’armure d’or) de Siro Marcellini
avec Frank Latimore
1960 o L’ultimo zar (Rasputin) (Les nuits de Raspoutine) de Pierre Chenal
avec Edmund Purdom
o Gli avventurieri dei Tropici (Les aventuriers du Rio Negro / Les aventuriers des Tropiques)
de Sergio
Bergonzelli avec Frank Latimore
o La Venere dei pirati (La reine des pirates) de Mario Costa
avec Massimo Serato
o La regina delle amazzoni (La reine des Amazones) de Vittorio Sala
avec Rod Taylor
o Il conquistatore d’Oriente (Les conquérants de l’Orient) d’Amerigo Anton (Tanio Boccia)
avec Rick Battaglia
avec Gordon Scott
o Il conquistatore di Corinto (La bataille de Corinthe) de Mario Costa
avec Jacques Sernas
o The Treasure of Monte Cristo (Le secret de Monte Cristo) de Robert S. Baker et Monty Berman
avec Rory Calhoun
1962 o Il figlio di Spartacus (Le fils de Spartacus) de Sergio Corbucci
avec Steve Reeves
o Le chevalier de Pardaillan de Bernard Borderie
avec Gérard Barray
o La tigre dei sette mari (Le tigre des mers) de Luigi Capuano
avec Anthony Steel
o La máscara de Scaramouche (Scaramouche) d' Antonio Isasi Isasmendi
avec Gérard Barray
o Il treno del sabato de Vittorio Sala
avec Eleonora Rossi Drago
© Geoffroy CAILLET pour Les Gens
du Cinéma (mise à jour 27/04/2009)