Vrai Nom :
Gérard Marcel Louis Barraillé
J’ai
15 ans en cet automne 1963, je suis en Anjou et j’ai la chance de me rendre sur
le tournage d’un film au bord de
Inutile
de vous dire qu’à ce moment là, je suis
loin de me douter qu’un jour, 45 ans plus tard,
j’aurai l’occasion d’échanger avec lui régulièrement, de pouvoir mériter
sa confiance, et de le considérer comme un ami.
C’est
avec un vrai plaisir que je viens vous conter son histoire, avec son entière
approbation !
Il était une fois d’Artagnan…
Gérard
Barraillé naît à Toulouse le 2 novembre 1931, la nuit « qué las amos se
passetjan » nous expliquera-t-il dans son occitan originel, « celle
où les âmes passent »… De Toulouse, il ne gardera que de vagues souvenirs,
ses parents se séparant alors qu’il est tout jeune.
La
maman ramène son petit garçon dans sa
famille à Montauban où Gérard va grandir.
Dans
ses jeunes années, il se voit entouré d’affections féminines …Il a des
grands-mères, des cousines, des tantes, une demoiselle gouvernante et bien sûr
une maman qui exerce la profession de sage-femme en plein centre ville, tout
comme l’avait fait sa propre mère.
Gérard
garde des images bien précises de ses passages à l’école primaire, puis au
lycée Ingres. Il se souvient de rôles dans des spectacles donnés aux fêtes
d’école, dont un écrit par sa maman, et qui était long de 300 vers, habillé en
petit Saint-Jean-Baptiste… Des amitiés
aussi bien sûr qui dureront jusqu’à aujourd’hui…
La
guerre est là … Il a 8 ans quand elle
commence, mais adolescent, il comprend
davantage la gravité du moment quand Montauban ne se trouve plus en zone libre.
Il
garde de frais souvenirs de ses vacances à Moulis, petit hameau au bord du
Tarn, dans une maison que sa maman avait louée pendant cette période troublée.
Gérard ne manquera jamais de rien …
De
cette période, un fait reste gravé dans son cœur …Une grande découverte qui va
se transformer en passion… Le jazz … Grâce à un plus grand, il découvre ce
nouveau rythme qui lui plaît d’emblée… C’est décidé, il apprend le piano …passe
rapidement sur
Cette
passion ne l’a jamais quitté, il en témoigne très volontiers encore, et il aura
l’opportunité ensuite de rencontrer celui
que l’on nommera le pape du jazz, Hugues Panassié, installé justement à Montauban. Plus tard à Paris, il côtoiera
Louis Amstrong son idole… Devenu étudiant, il jouera dans des orchestres à
Toulouse et sera à l’origine avec plusieurs copains musiciens, du « Hot
club de Jazz » de Montauban.
Le
bac en poche, son avenir semble inévitablement trouvé : Il suivra des
études de médecine à Toulouse, et prendra la suite de sa maman, dans la
clinique familiale comme médecin accoucheur.
Mais
le jeune adulte qu’il est maintenant, pour des raisons personnelles veut sortir
de ce chemin tout tracé… Il veut jouir d’une certaine liberté. Il a soif de
découvrir d’autres horizons… Un Rastignac occitan !
Une
amie de ses parents lui conseille de monter sur la capitale avec un mot de
recommandation pour le comédien Noël Roquevert. Ce dernier, accueillant et
encourageant va le diriger vers le Cours Simon. Malgré son accent
« épouvantable », le professeur le gardera et Gérard reparle avec
émotion de cette période où ses bons copains se nommaient Jean-Pierre Cassel,
Marcel Bozuffi et aussi Serge Rousseau, avec qui il se produira en duo dans les
cabarets parisiens. Il sortira avec un premier prix du célèbre Cours.
Les
cabarets donnent à Gérard le goût de la scène. Il rêve de jouer, de s’exprimer
devant un public. Dans la deuxième
partie des années 50, il a certaines opportunités de tourner de petits rôles au
cinéma…presque de la figuration.
« Série Noire » de Pierre Foucaud, « Chantage » de Guy Lefranc, où il
prononce quelques petits mots et « Les Collégiennes » où il incarne
un présentateur de télévision.
Le
service militaire et une période en Algérie… Pas drôle ! Il trouve tout de
même le moyen d’enregistrer un 45 tours !
A
son retour, premier vrai rôle au cinéma, c’est celui du notaire Miguel dans
« L’eau à la bouche » de Jacques Doniol-Valcroze. Souvenez
vous ! Ce film si typique de la fin de ces années 50 ! Les filles ont de belles robes juponnées, les
héros sont de séduisants jeunes premiers, les soirées se dansent au son du
pick-up et on fait la connaissance d’un comédien qui fera parler de lui :
Michel Galabru, sans oublier la belle chanson éponyme de Serge Gainsbourg.
Dans "L'eau à la bouche" avec Alexandra
Stewart
Parallèlement,
Gérard a déjà décroché des rôles au
théâtre : L’éventail de Lady Windermere, Les enfants d’Edouard. Grâce à
ces prestations, il est remarqué par Edwige Feuillère, qui le choisit carrément
pour être « son Stanislas » dans « l’Aigle à Deux têtes »,
de Cocteau prenant ainsi la succession de Jean Marais… Jean Cocteau qui lui
adressera ses encouragements et sa sympathie. Du jour au lendemain, tout le
monde connaît Gérard Barray (il a choisi d’abréger son nom).
La
pièce se joue encore quand il est choisi pour incarner le vilain duc de
Vallombreuse dans « le Capitaine Fracasse » de Pierre-Gaspard-Huit.
Notre héros presque gascon qui n’a jamais fait d’escrime de sa vie, est pris en
main par le Maître d’Armes Claude Carliez ! « Il m’a tout
appris » dit Gérard « et il est toujours mon ami ! » De Jean Marais, Gérard garde un excellent
souvenir d’autant plus que le jour, il ferraillait contre lui et le soir, il
reprenait le rôle que Jean avait créé. Une grande estime réciproque les unira…
Il en sera de même avec « son ennemi de l’écran » et si complice dans
la vie : Guy Delorme.
Dans "Le Capitaine Fracasse"
Bernard
Borderie a le projet de filmer une version des Trois Mousquetaires… Il veut du
panache, du rythme, et bien sûr de la séduction… Il choisit Gérard pour être
Athos mais il voit plusieurs fois le duel final de Fracasse et change
d’avis : « son » d’Artagnan c’est Gérard et pas un
autre ! Gérard jouera donc le rôle
du fameux gascon avec un succès considérable. Pour l’époque, plus de 5 millions d’entrées, sans compter l’étranger.
Notons que les deux volets ont toujours
un immense succès en Russie et dans les pays de l’est où ils sont
rediffusés régulièrement. Gérard reçoit d’ailleurs des messages de sympathie de
pays lointains. Le film est distribué en DVD dans tous nos pays voisins, mais
pas en France …
Dans "Les Trois
Mousquetaires"
Après
D’Artagnan, retour à un rôle de méchant dans « les frères corses »
film qui lui permet de sympathiser avec le comédien Jean Servais qui l’aura vraiment
impressionné par son talent. Il était prévu qu’ils jouent ensemble «
Ce sera
ensuite Pardaillan pour deux épisodes, et Scaramouche, qui lui permettra
de se lier d’amitié avec le metteur en scène Antonio Isasi Isasmendi ainsi
qu’avec « le méchant marquis de
Dans "Scaramouche"
Changement
d’époque pour le film Gibraltar ! A nouveau Pierre Gaspard-Huit aux
commandes, à nouveau deux partenaires déjà rencontrés sur
« Fracasse » : Geneviève Grad et Bernard Dhéran et le plaisir de
retrouver Madeleine Clervanne qu’il avait connue au Cours Simon et qui l’aimait
bien.
En
1965 on lui propose un rôle de méchant dans une grande fresque sur fond de guerre
du Mexique mise en scène par Robert Siodmak. Pensant s’évader en Amérique, il
se retrouve en Yougoslavie ! Il ne le regrettera pas puisque c’est lors de
ce tournage qu’il fera la connaissance de celle qui est toujours son épouse,
Térésa Lorca, gracieuse danseuse de flamenco et chanteuse.
Avec son épouse: Térésa Lorca
Gérard
enchaînera en 1966 avec les deux volets de Surcouf et sera la même année papa
d’une petite Marie. Par la suite, Teresa et Gérard seront parents de Julien.
Parlons
des deux « San Antonio » que l’on regarde avec plaisir et nostalgie
tant ils sont témoins d’une époque. Grâce à ce rôle, Gérard va faire la
rencontre d’un homme dont l’amitié comptera énormément dans sa vie :
Frédéric Dard.
D’autres
films seront tournés avec plus ou moins de bonne fortune… Certains
malheureusement ne sortiront jamais en France… Gérard se tourne vers le
théâtre, et fera à plusieurs reprises « Au Théâtre ce soir » dont le
fameux « Madame Sans Gêne » avec Jacqueline Maillan où il incarne un
sémillant comte de Neiperg. Il garde un excellent souvenir de Michel Roux qui
l’a mis en scène à plusieurs reprises et qui sera de bons conseils :
« Un acteur c’est fait pour jouer, alors joue ! »
Si
vous lui demandez de vous évoquer ces moments, il vous répondra :
« je crois que j’ai eu la chance d’être le partenaire de la plus grande
tragédienne de l’époque, « Edwige Feuillère » et de la meilleure
actrice comique « Jacqueline Maillan ». Une merveilleuse double chance
dans la carrière d’un acteur !
Un
grand plaisir encore, celui de jouer Don Juan, dans le cadre du festival de la
vallée d’Orge et d’y retrouver un joyeux
compère connu sur le tournage des Surcouf : Armand Mestral.
« J’ignore si je l’ai bien joué mais je l’ai fait et c’est ma fierté ».
Une
tournée avec la pièce «
De
retour, Gérard tournera pour les télévisions, et participera à quelques films
dont un, extraordinairement bien réussi : « Ouvre les yeux »
d’Alejandro Amenäbar…. Si son rôle n’est pas très long, il est capital car
c’est lui qui détient la clé de l’énigme…
Gérard
aura aussi signé une nouvelle non autobiographique « Le héros de
l’amour »… même s’il y a laissé une petite part de lui-même … Le style en
est rude, viril mais diable ! que c’est bien écrit !
Et maintenant Gérard que
faites-vous? Je coule une retraite
paisible, et pratique un art très agréable, celui de grand-père de deux
jouvenceaux Andrès et Patricia.
Des regrets Gérard ? Non j’ai pour habitude de ne rien
regretter… « Etre acteur, ce n’est pas un métier, c’est une
aventure » nous disait René Simon …
et il avait raison !
Sachez
que Gérard est toujours autant passionné de jazz, il a toujours aimé lire Par
ailleurs, il pratique volontiers la
natation.
Il
vient régulièrement se ressourcer vers les lieux de son enfance du côté de
Montauban, pour y retrouver ses amis.
Il
n’a rien perdu de sa prestance de mousquetaire, malgré les années, et on
retrouve immédiatement chez lui, sa voix et le sourire de D’Artagnan…
J’ai
eu la chance de collaborer directement avec lui pour le contenu de son site
officiel!
Mais
si vous avez un message à lui exprimer, n’hésitez pas à le lui dire… à lui ! … Un lien existe ! Il le lira c’est sûr ! Il en reçoit
beaucoup et y est très sensible…
J’espère
que j’aurai su vous raconter l’histoire d’un comédien qui, si j’en crois toutes
les personnes que je rencontre, est resté dans la mémoire de toute une
génération comme quelqu’un faisant partie de nos rêves et de notre enfance …
Les enfants à qui je prête mes cassettes l’apprécient énormément … Il est vrai
que « d’Artagnan » ne vieillira jamais !
Je
viens de le revoir en janvier, lors d’un hommage rendu pas ses amis de
Montauban… Comme il vieillit bien Gérard ! Intelligent, cultivé, il
s’exprime très généreusement, est très simple et direct, et l’on sent sa
sensibilité d’acteur, à fleur de peau… Il sait formidablement bien faire passer
les émotions…
Pour moi, je suis
très fière d’avoir l’honneur de son amitié.
Et merci à Gérard Barray
pour sa gentillesse et son étroite collaboration.
Voir aussi : http://gerardbarray.fr/
© Donatienne Roby pour
Les Gens du Cinéma (16 mars 2009) Copie et reproduction interdites.
FILMOGRAPHIE :
1954 – Série noire / Leur
compte sera réglé : de Pierre Foucaud
avec Monique Van
Vooren
1955 – Chantage : de
Guy Lefranc
avec Magali Noël
Coup dur chez
les mous : de Jean Loubignac
avec Henri Génès
1956 – Les collégiennes : d’ André Hunebelle
avec Gaby Morlay
1959 – L’eau à la
bouche : de Jacques Doniol-Valcroze
avec Michel Galabru
1960 – Le capitaine
Fracasse : de Pierre Gaspard-Huit
avec Jean Marais
1961 – Les trois
mousquetaires : de Bernard Borderie
avec Mylène Demongeot
○
Film en 2 Epoques
●
Les ferrets de la reine
●
La vengeance de Milady
Les frères
corses (I fratelli corsi) de Anton Giulio Majano
avec Jean Servais
1962 – Le chevalier de
Pardaillan : de Bernard Borderie
avec Philippe
Lemaire
Shéhérazade :
de Pierre Gaspard-Huit
avec Anna Karina
1963 – Gibraltar / Alerte
à Gibraltar : de Pierre Gaspard-Huit
avec Hildegarde Kneff
Hardi
Pardaillan : de Bernard Borderie
avec Valérie Lagrange
Scaramouche /
Le masque de Scaramouche (La máscara de Scaramouche / Le avventure di
Scaramouche)
de Antonio
Isasi-Isasmendi, avec Gianna Maria Canale
1965 – Baraka sur X
13 : de Maurice Cloche
avec Yvette Lebon
Les
mercenaires du Rio Grande (Die pyramide des sonnengottes / I violenti di Rio
Bravo) de Robert Siodmak
avec Lex Barker
Le trésor des
Aztèques (Der schatz der Azteken) de Robert Siodmak
avec Lex Barker
1966 – Commissaire San
Antonio / Sale temps pour les mouches / Messieurs les hommes : de Guy
Lefranc
avec Jean Richard
Surcouf, le
tigre des sept mers (Surcouf, l’eroe dei sette mari / El tigre de los siete
mares)
de Sergio
Bergonzelli et Roy Rowland, avec Antonella Lualdi
La vengeance
de Surcouf / Tonnerre sur l’océan indien / Tonnerre sur l’océan / Le retour de
Surcouf
(Il grande colpo
di Surcouf / Tormenta sobre el Pacifico) de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland
avec Antonella Lualdi
1967 – Flammes sur
l’Adriatique : de Alexandre Astruc
avec Claudine Auger
Tendres
requins (Zärtliche haie) de Michel Deville
avec Anna Karina
1968 – Béru et ces
dames : de Guy Lefranc
avec Pierre Tornade
1969 – Le témoin :
de Anne Walter
avec Jeanne Pérez
1970 – Le cinéma de papa :
de Claude Berri
avec Yves Robert
Le triangle (El triangulito) de José Maria Forqué
avec Sergio Doré
Week-end pour
Elena / Neurosis (Helena y Fernanda) de Julio Diamante
avec Helga Berlin
1972 – Meurtres au soleil
(Un verano para matar) de Antonio Isasi-Isasmendi
avec Karl Malden
1976 – Pourquoi ? :
de Anouk Bernard
avec Etienne Bierry
1982 – Othello, el
comando negro : de Max H. Boulois
avec Tony Curtis
1997 – Ouvre les yeux (Abre
los ojos) de Alejandro Amenábar
avec Eduardo Noriega
2000 – Sexy Beast :
de Jonathan Glazer
avec Ben Kingsley
2001 – El paraiso ya no
es lo que era : de Francisco Betriu
avec Neus Asensi
No te fallaré : de Manuel Rios San Martin
avec Eva Santolaria
2003 – Galindez (El
misterio Galindez) de Gerardo Herrero
avec Harvey Keitel
Télévision :
1962 – La dame aux camélias : de François Gir
avec Yori Bertin
1972 – Au théâtre ce soir : Je viendrai comme un
voleur : de Pierre Sabbagh
avec Mony Dalmès
Le manège de
Port-Barcarès : de Pierre Cosson
avec Colette Deréal
°
Feuilleton en 15 Episodes
1974 – Au théâtre ce soir : Madame
Sans-Gêne : de Georges Folgoas
avec Jacqueline Maillan
Au théâtre ce soir : La reine
galante : de Georges Folgoas
avec Mireille Delcroix
Valérie : de François Dupont-Midy
avec Georgette Anys
°
Feuilleton en 40 Episodes
1975 – Au théâtre ce soir : La complice :
de Pierre Sabbagh
avec Jacques Ardouin
1981 – Au théâtre ce soir : A cor et à
cri : de Pierre Sabbagh
avec Christine Delaroche
Au théâtre ce
soir : Danse sans musique : de Pierre Sabbagh
avec Corinne Marchand
1985 – Histoires a dormir debout : de Daniel
Delieutraz – Court Métrage –
avec Frédéric Dard
1991 – Cas de divorce : de Gérard Espinasse,
Alain Lombardi et Jean-Paul Podevin
avec Anne-Marie Haudebourg
°
Feuilleton en 132 Episodes
°
Episode : ‘Ferrault contre Duliège’
de Gérard Espinasse
1993 – Nestor Burma : Retour au bercail :
de Pierre Koralnik
avec Guy Marchand
1994 – En garde à vue (Placé en garde à vue) :
Les chiens écrasés : de Bernard Uzan
avec Serge Lama
1997 – La virtud del asesino : de Roberto
Bodegas
avec Sancho Gracia
1998 – Periodistas : de Begoña Alvarez Rojas,
Jesús Rodrigo, Daniel Ecija, Felipe Pontón, Antonio Conesa,
David
Molina Encinas, Mauricio Romero et Andre R. Guttfreund
avec José Coronado
°
Feuilleton en 119 Episodes
°
Episode : ‘Periodista modelo’ de
Jesús Rodrigo
1999 – El Comisario : d’ Ignacio Mercero, Jesús
Font, Alfonso Arandia, José Ramos Paino et Mateo Meléndrez
avec Fernando Valverde
°
Feuilleton en 184 Episodes
°
Episodes : ’13 puñaladas’ et ‘Eva
del principio al fin’
El secreto de la porcelana : de Roberto
Bodegas
avec Miguel Angel Garcia
ã Jean-Pascal CONSTANTIN
pour Les Gens du Cinéma (Mise à jour 09/11/2008)