1908 – 1982
C’est
un de nos comédiens les plus discrets ! Nous ne savons pas grand chose sur
ses débuts dans la vie si ce n’est qu’il a été déclaré Alfred Roger Adam, né à Asnières le 4 avril
1908.
Mais ce
qui est sûr c’est qu’Alfred Adam fut parmi
nos seconds rôles les plus talentueux du cinéma français.
Nous
commençons à entendre parler de lui avec son entrée au Conservatoire dans la
classe de Louis Jouvet. Ses condisciples se nomment François Périer, Bernard
Blier, Jean Meyer. L’élève est tellement
encouragé par son maître, qu’il le suit au Théâtre de l’Athénée. On se souvient
de ses débuts sur scène dans « Electre » de Giraudoux où il joue le
rôle du jardinier. L’année d’avant guerre, il se joint à Fernand Ledoux et
Pierre Dux, pour ouvrir un cours à l’étage au-dessus du Théâtre Pigalle. En
1939, Alfred Adam change de maître et va travailler avec Charles Dullin.
Alfred
est aussi doté d’un talent d’écrivain et de scénariste. Il écrit quatre
pièces : La première, c’est « Sylvie
et le fantôme », qui par la suite
deviendra un film avec Odette Joyeux, Raymond Rouleau et Jacques Tati sous la
houlette de Claude Autant-Lara.
André Barsacq assure la mise en scène de la pièce jouée au théâtre de l’atelier et choisit pour camper les rôles des fantômes, outre l’auteur, un pierrot lunaire qui débute sa carrière Robert Dhéry, Raymond Segard et un drôle de loustic « Cri-cri » Duvaleix.
Le texte d’Alfred Adam se défendait tout seul…il me portait comme du champagne ! (Robert Dhéry – Ma vie de Branquignol).
Puis ce seront « La fugue de Caroline »,
«
Alfred
Adam, on l’aura compris, est un comédien apprécié que le public parisien
applaudit sur nombre de scènes ! Il est même engagé en 1944 à la Comédie
Française, où il retrouve Gisèle Casadesus, mariée à son grand ami Lucien
Pascal. Il ne restera dans la célèbre
troupe qu’un an, préférant reprendre sa liberté. Capable de jouer tous les
genres, il sert aussi bien les auteurs notoires que sont Claudel ou Giraudoux
que des contemporains dans le répertoire dit « de boulevard » comme « l’Amant
de Paille » de Marc-Gilbert Sauvageon en 1939.
En
1950, par exemple, il est au Théâtre des Variétés, pour la pièce de Georges
Beer et Louis Verneuil, « Maître Bolbec et son mari » Et le moins que
l’on puisse dire c’est qu’il est en bonne compagnie…Saturnin Fabre et Marie Déa
sont à ses côtés …
Et le
cinéma ?
C’est
Jacques Feyder, sur les conseils de son épouse Françoise Rosay, qui va lui donner le premier sa chance. Et
dans un film qui marquera ! « La kermesse
héroïque ». Il a
alors 27 ans …(photo ci-dessous)
Vont
suivre presque 80 rôles sur le grand
écran où le public le retrouvera dans toutes sortes d’emploi ! Revisitons ensemble ses plus marquantes
apparitions :
Nous le
voyons en 1937 au générique du film de Julien Duvivier, « Un
carnet de bal », au milieu d’une éblouissante
distribution : Marie Bell part à la
recherche de ses soupirants d’un bal de jeunesse… Parmi eux, Raimu, Louis
Jouvet, Pierre Blanchard, Harry Baur. Alfred donne la réplique à Louis Jouvet
en incarnant un cambrioleur à la fine moustache….
Puis il
change complètement de registre dans l’agréable et chantante bleuette qu’est « Je
chante » aux côtés de Charles Trenet et Janine
Darcey. Domestique dans un collège de jeunes filles, il se retrouve à fredonner
« C’est la vie qui va » devant l’impresario Jean Tissier. Il tourne
plusieurs longs métrages pendant la guerre. Ainsi « La
vie de bohème » de Marcel L’herbier, où il est
Schaunard un des amoureux de la
touchante Mimi (Maria Denis).
dans
le film ‘Je chante’ 1938
Mais
c’est dans Boule de Suif de
Christian Jaque(1945), de l’avis de tout le monde et surtout des critiques
qu’il tient sa prestation la plus
réussie face à la troublante Micheline Presle ; dans cette évocation amère
et lucide du comportement humain ,certains emploieront le qualificatif de
« vitriolé » pour définir le personnage qu’il campe ; il est le
peintre libre et anti-conformiste qui viendra en aide à Boule-de Suif contre un
monde de bourgeois parvenus et ingrats.
Puis il
enchaîne avec des apparitions notoires dans
Notons ses rencontres
intéressantes avec Fernandel dans L’Ennemi numéro 1, ou Martine Carol dans
Caroline chérie et le fils de Caroline chérie.
Nous
nous souvenons de la comédie menée tambour battant par André Hunebelle, « Cadet
Roussel » dans le style aventure historique avec
François Périer, Bourvil et Dany Robin. Il y campe un sympathique anarchiste, voleur de grand
chemin qui trouvera l’amour auprès de la bien jolie Madeleine
Lebeau ; avec des répliques qui font mouche, données sur un ton malin et plein de bon sens
… « Le peuple passe son temps
à se chercher un chef pour avoir le seul plaisir de s’en
défaire ! »
dans
Cadet Roussel - 1954
Raymond
Rouleau qui a joué dans ‘Sylvie et le fantôme’ ne l’oublie pas pour ses
Sorcières de Salem en1956.
C’est
enfin la rencontre avec Jean Gabin,
auprès de qui il sera bien plus qu’un faire-valoir ! Il restera fidèle à
lui-même, malin, chafoin, parfois sournois, mais tellement naturel ! Il ne
joue pas, il « est ».
Rappelons nous … Rue des prairies,
de Denys de
avec
Jean Gabin, Le Président - 1960
Un
Branquignol dans La Belle Américaine
Christian
Marin, Colette Brosset, Robert Dhéry et Alfred Adam - 1961
Nous ne pouvons évoquer cette prolifique carrière sans mentionner son truculent rôle aux côtés de Jacques Brel, dans Mon Oncle Benjamin, d’Edouard Molinaro, et puis aussi le célèbre « Que la fête commence » de Bertrand Tavernier.
Un
joyeux drille dans Mon oncle Benjamin - 1969
Il
termine sa carrière avec deux rôles aux côtés d’Annie Girardot, Ursule
et Grelu, et Juliette et Juliette en 1973 ; il aura
comme derniers partenaires Michel Galabru
dans Le chasseur de chez Maxime,
et Peter Ustinov dans Nous maigrirons ensemble.
La
télévision fera bien sûr appel à ce comédien de qualité…ainsi il jouera
« Colinette » une pièce télévisée où il retrouvera des partenaires
célèbres, plusieurs participations au « Théâtre ce soir » dont
« la main passe » de Georges Feydeau où il retrouve Sophie Desmarets
et Jean Pierre Darras , et dans de célèbres séries comme Schulmeister, espion
de l’empereur où il campe un Général Cambronne convaincant, les enquêtes du
Commissaire Maigret, alias Jean Richard, Allo Police et Histoires de Voyous,
etc…
Colinette
de Marcel Achard, à la TV en 1952 avec Robert Manuel (allongé) Charles Moulin
qui masse Alfred Adam, Robert Vattier et un petit jeunot, Jean Piat ! du
beau monde n’est-ce pas ?
Alfred
Adam fut ainsi cet artiste discret, très cultivé, moqueur et
pince-sans-rire diront ses amis,
apprécié des plus grands et que l’on retrouve avec énormément de plaisir
dans ses films.
Il
était marié à Lily Richard, grande amie
de la comédienne Gisèle Casadesus, et père de deux filles jumelles, nées en
1941. Il nous a quittés le 7 mai 1982, d’une crise cardiaque au Perreux sur
Marne. Il repose désormais au vieux cimetière d’Asnières.
© Donatienne ROBY pour les Gens du Cinéma (Mise à jour 21/03/2013)
FILMOGRAPHIE
1935 La kermesse héroïque, de Jacques Feyder, avec
Françoise Rosay.
1936 Au service du Tsar, de Pierre Billon, avec
Véra Korène.
La Glu, de Jean Choux, avec Marie
Bell.
1937 Carnet de bal, de Julien Duvivier, avec
Françoise Rosay.
Les gens du voyage, de Jacques
Feyder, avec Françoise Rosay.
1938 Je chante, de Christian Stengel, avec Charles
Trénet.
La famille Duraton, de Christian
Stengel, avec Jules Berry.
1939 Le café du port, de Jean Choux, avec René
Dary.
1941 Port d'attache, de Jean Choux, avec Michèle
Alfa.
Croisières sidérales, d'André
Zwoboda, avec Madeleine Sologne.
Mamouret - Le briseur de chaînes, de Jean-Daniel
Norman, avec Blanchette Brunoy.
1942 A vos ordres Madame, de Jean Boyer, avec
Jacqueline Gauthier.
La femme que j'ai le plus aimée, de
Robert Vernay, avec Mireille Balin.
La vie de bohème, de Marcel
L'Herbier, avec Giselle Pascal.
1944 Farandole, d'André Zwoboda, avec Paulette
Dubost.
1945 Boule de suif, de Christian-Jaque, avec
Micheline Presle.
La ferme du pendu, de Jean Dréville,
avec Charles Vanel.
1946 Sylvie et le fantôme, de Claude Autant-Lara,
d'après sa pièce.
Le fugitif, de Robert Bibal, avec
Madeleine Robinson.
Quartier chinois, de René Sti, avec
Michèle Alfa.
Le bateau à soupe, de Maurice Gleize,
avec Charles Vanel.
Les beaux jours du roi Murat, de
Théophile Pathé, avec Tito Gobbi.
Comédie avant Molière, court métrage
de Jean Tedesco, avec Robert Manuel.
1947 Le village perdu, de Christian Stengel, avec
Gaby Morlay.
1948 Le sorcier du ciel, de Marcel Blistène, avec
Dora Doll.
Jo la romance, de Gilles Grangier,
avec Ginette Leclerc.
Passeurs d'or, d'E.G. de Meyst, avec
Ginette Leclerc.
Femme sans passé, de Gilles Grangier,
avec Sophie Desmarets.
La ferme des sept péchés, de Jean
Devaivre, avec Claude Génia.
1949 Mon ami Sainfoin, de Marc-Gilbert Sauvajon,
avec Sophie Desmarets.
Le roi, de Marc-Gilbert Sauvajon,
avec Maurice Chevalier.
L'homme aux mains d'argile, de Léon
Mathot, avec Marcel Cerdan.
1950 Caroline chérie, de Richard Pottier, avec
Martine Carol.
L'amant de paille, de Gilles
Grangier, avec Gaby Sylvia.
1951 Ma femme est formidable, d'André Hunebelle,
avec Sophie Desmarets.
1952 La pocharde, de Georges Combret, avec Monique
Mélinand.
Tambour battant, de Georges Combret,
avec Jimmy Gaillard.
1953 L'ennemi public n°1, de Henri Verneuil, avec
Fernandel.
Capitaine Pantoufle, de Guy Lefranc,
uniquement dialogues et scénario.
1954 Escalier de service, de Carlo Rim, avec Junie
Astor.
Le fils de Caroline chérie, de Jean
Devaivre, avec Brigitte Bardot.
Cadet Rousselle, d'André Hunebelle,
avec Dany Robin.
Il cavaliere di Maison Rouge / Le
prince au masque rouge, de Vittorio Cottafavi, avec Renée
Renée Saint-Cyr.
1955 La foire aux femmes, de Jean Stelli, avec
Etchika Choureau.
1956 Les sorcières de Salem, de Raymond Rouleau,
avec Simone Signoret.
1957 Une manche et la belle, de Henri Verneuil,
avec Mylène Demongeot.
1958 Le fauve est lâché, de Maurice Labro, avec
Estella Blain.
Le gendarme de Champignol, de Jean
Bastia, avec Jean Richard.
Les naufrageurs, de Charles Brabant,
avec Dany Carrel.
1959 Rue des prairies, de Denys de La Patellière,
avec Jean Gabin.
Maigret tend un piège, de Jean
Delannoy, avec Jean Gabin.
La main chaude, de Gérard Oury, avec
Macha Méril.
125 rue Montmartre, de Gilles
Grangier, avec Andréa Parisy.
1960 Comment qu'elle est ?, de Bernard Borderie,
avec Françoise Brion.
Le président, de Henri Verneuil, avec
Jean Gabin.
La Française et l'amour, sketch
"Le divorce", de Christian-Jaque, avec Annie Girardot.
1961 La belle américaine, de et avec Robert Dhéry,
+ co-adaptation et dialogues.
Tout l'or du monde, de René Clair,
avec Bourvil.
1962 Tartarin de Tarascon, de et avec Francis
Blanche.
1963 Mort, où est ta victoire ?, de Hervé
Bromberger, avec Pascale Audret.
Carambolages, de Marcel Bluwal, avec
Sophie Daumier.
1964 La vie conjugale, d'André Cayatte, avec
Marie-José Nat.
1965 Le caïd de Champignol, de Jean Bastia, avec
Jean Richard.
Les fêtes galantes, de René Clair,
avec Marie Dubois.
1966 Maigret à
Pigalle, de Mario Landi, avec Gino Cervi.
Le jardinier
d'Argenteuil, de Jean-Paul Le Chanois, avec Jean Gabin.
1967 Lo Straniero /
L'étranger, de Luchino Visconti, avec Marcello Mastroianni.
La petite
vertu, de Serge Korber, avec Dany Carrel.
1968 Sous le signe du
Taureau, de Gilles Grangier, avec Jean Gabin.
Arriva
Dorellik, de Steno, avec Didi Perego.
1969 Mon oncle
Benjamin, d'Edouard Molinaro, avec Jacques Brel.
1973 Ursule et Grelu,
de Serge Korber, avec Annie Girardot.
Juliette et
Juliette, de Remo Forlani, avec Annie Girardot.
1975 Que la fête
commence, de Bertrand Tavernier, avec Marina Vlady.
1976 Le chasseur de
chez Maxim's, de Claude Vital, avec Michel Galabru.
1979 Nous maigrirons ensemble, de Michel
Vocoret, avec Peter Ustinov.
© Yvan FOUCART – Dictionnaire des Comédiens Français
disparus